Vendredi 04 octobre 2019 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Phuttiphong Aroonpheng – Thaïlande – 2019 – 1h45 – vostf
Près d’une côte où des réfugiés Rohingyas ont été retrouvés noyés, un jeune pêcheur thaïlandais trouve en pleine forêt un homme blessé et inconscient. Il lui porte secours et le soigne. L’étranger se révèle être muet. Il le nomme Thongchai et lui offre son amitié. Un jour, le pêcheur disparaît mystérieusement. Thongchai va peu à peu prendre sa place…
Notre article
par Josiane Scoleri
Manta Ray est un film qui tient de l’envoûtement à plus d’un titre, mais sans doute avant tout parce qu’il filme le mystère, l’insondable mystère de l’altérité.Et il s’appuie pour ce faire sur une idée simple, mais oh combien efficace : l’un des deux protagonistes est muet. On ne sait pas s’il est sourd aussi, s’il comprend ce qui se dit, vu que, de toutes façons, il vient d’ailleurs. Mais il est néanmoins bien présent, les yeux grand ouverts, observant tout autour de lui. Il va de soit que sa survie en dépend. De fait, la performance de l’acteur, Aphisit Hama, est de ce point de vue, passablement stupéfiante. Tout en nuances dans l’expression du visage, sans que celui-ci soit pour autant très mobile.
L’une des forces du film est que précisément aucun des deux acteurs ne surjoue. De celui qui parle, nous ne saurons jamais le nom, alors que, très vite, il donne un nom à son « invité », celui qui deviendra son ami. Mais, au-delà de ces deux personnages, du lien qui les unit peu à peu, la grande force du film réside très certainement dans cette capacité à nous envelopper dans une atmosphère pétrie d’étrangeté où tout est fait pour que nous perdions nos repères. Les scènes de nuit sont nombreuses, souvent dans une forêt tropicale où la densité de la végétation semble cacher mille dangers. Sur ce plan-là, Phuttipong Aroonpheng a parfaitement assimilé les leçons du cinéma d’Apichatpong Weerasethakul, (le monteur, Lee Chatametikool, est d’ailleurs celui de Tropical Malady) avec cette fluidité dans le rythme du film qui s’écoule, imperturbable, presque hors du temps. Les choses ne sont pas nécessairement explicites, mais nous en sommes imprégnés. Par moments, elles nous hantent.
Et pourtant, le film est bien ancré dans le réel. La vie quotidienne est tranquillement documentée, avec la pêche sur un chalutier, la criée, les repas, la fête foraine, les rapports patron/employé. Mais surtout, à aucun moment, nous ne pouvons oublier le cartel noir du début du film, avec la simple dédicace du film aux Rohinghas, ces bannis d’entre les bannis. Il est clair que Manta Ray nous parle bel et bien d’aujourd’hui et de maintenant. Le film se tient tout entier comme un funambule sur son fil, entre réalité tragique et environnement magique, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
La bande-son, très travaillée, contribue elle aussi fortement à créer cette atmosphère hypnotique, jusqu’à prendre de plus en plus de place, notamment dans la scène finale du film. Il est étonnant de sentir à quel point l’image et le son s’interpénètrent, comme s’ils étaient une même matière en fusion. Manta Ray est un film extrêmement sensoriel où nous sommes plongés, immergés même, dans l’obscurité, trouée de lumières multicolores, comme une affirmation de la présence têtue – et souvent maléfique- des hommes face à la Nature. De la même manière, nous sommes submergés par les bruits ambiants, retravaillés en sons presque surnaturels par moments. ( les ondes Martenot, savamment utilisées , nous transportent immédiatement dans un entre-deux où l’on ne sait plus trop où on est). D’ailleurs, pour trouver les pierres multicolores qu’il recherche, le jeune homme doit mettre son oreille à même la terre, comme les Indiens des westerns pour entendre au loin le galop des chevaux. Sauf qu’ici, il perçoit la présence du minéral…Manta Ray fourmille ainsi d’idées qui vont nous surprendre et nous tenir en haleine. Sans donner d’explications, car au-delà du mutisme d’un des personnages, ce n’est de toute façon pas un film bavard. À nous d’aller d’associations en rapprochements, ou juste de nous laisser porter par le magnétisme du film.
Ainsi, la construction du scénario met-elle en balance l’apparition de Tchonghaï et la disparition subite de son sauveteur vers la moitié du film. Tchonghaï doit maintenant faire seul tout ce qu’il a appris. Il marche sur les pas, dans les empreintes presque, de son ami et trouve à s’embaucher sur le même chalutier.Survient alors la seule présence féminine du film. Nécessairement., pourrait-on dire. L’irruption de la jeune femme va permettre au réalisateur de pousser beaucoup plus loin la réflexion sur l’identité. En quoi sommes-nous uniques ? En quoi sommes-nous tous le même ? Irremplaçables ou Interchangeables ? Ou qui sait les deux en même temps, dans un de ces raccourcis fulgurants entre les contraires dont la pensée orientale est coutumière?
Saijai est jouée par Rasmee Wayrana, une jeune chanteuse thaïlandaise dont les chansons sont une sorte de blues rural « pure roots ». Cela nous vaut une magnifique scène dans des sources d’eaux chaudes d’où s’élève une chanson d’amour triste à pleurer, alors que la scène signe le rapprochement, très sensuel, entre ces deux êtres à la dérive. Contradiction flagrante entre paroles et images. Sans oublier que Tchonghaï doit son nom à une superstar de la variété thaïlandaise…Manta Ray navigue ainsi entre trois destins en perdition, trois êtres qui essaient de se soutenir dans leur dénuement même. Trois survivants. Lorsque Tchonghaï découvre Saijai dans la cabane, la première chose qu’elle lui dit, c’est « Je n’ai nulle par où aller, laisse-moi rester ici », en écho presque parfait à ce que le jeune homme blond dit à Tchonghaï : « Tu ne sais pas où aller, tu peux rester ici ».
On se rend compte au fur et à mesure du déroulement du récit que Phuttiphong Aroonpheng ne lâche rien de son propos, ce pari risqué entre la rudesse du réel et la poésie de l’imaginaire. Il tisse sa toile et entrecroise ses deux fils sans que jamais ils ne se rompent ou que l’un l’emporte sur l’autre. Il en résulte ce film étrange, comme en suspension, un flottement entre deux eaux comme les raies mantas qui donnent leur nom au titre, tout en harmonie et élégance. Les dix dernières minutes sont à ce titre particulièrement réussies. Le film gagne en intensité dans un crescendo bouleversant. On entend alors la voix de Tchonghaï, un son continu, rauque et guttural, repris par d’autres voix inconnues, au moment où il va s’éclipser, dans un effacement progressif, recouvert de boue, dans la forêt où il a été trouvé, jusqu’à disparaître dans la mer d’où il est sans doute venu. Manta Ray s’avère ainsi un premier film ambitieux. Gageons que nous entendrons encore parler de Phuttipheng Aroonpheng.
Sur le web
« Un petit plan d’eau marque la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar. Je suis arrivé dans cette zone en 2009, seul et enthousiaste. Je regardai en direction du Myanmar. Il n’y avait ni poste de contrôle de l’immigration, ni soldat, ni barbelés. Seule une crique où l’eau m’arrivait jusqu’aux genoux me séparait de l’autre rive. Je l’ai scrutée. Un petit garçon sortait d’un buisson. Il est entré dans l’eau et s’est mis à nager vers moi, vers mon pays. Sur la rive où je me trouvais, à quelques mètres, deux autres garçons plaisantaient. Ils crièrent en direction de l’autre garçon pour lui dire de nager pour les rejoindre. J’observai les trois garçons jouer ensemble dans la Moei. Cette même année, les autorités de mon pays avaient empêché des bateaux entiers de réfugiés de débarquer. Cinq embarcations en bois avaient chaviré. Trois cents Rohingyas avaient disparu en mer. Si seulement leur destin avait pu être similaire à celui de Thongchai, le personnage principal de mon scénario. Il s’est retrouvé blessé sur un rivage de Thaïlande, mais il était toujours en vie. En 2015, sur une colline de Padang Besar, une ville frontalière du sud de la Thaïlande, à 300 mètres du tunnel de Perlis qui débouche sur la Malaisie, un site d’ensevelissement de corps de réfugiés rohingyas a été découvert. L’énigme de ces décès mystérieux n’a jamais été élucidée et cet épisode est tombé peu à peu dans l’oubli. Dans une scène pivot de mon film, on entend de nombreuses voix dans la forêt, pleines de détresse et de larmes. Ce sont des voix de réfugiés rohingyas que j’avais enregistrées. Ces voix ne disparaîtront pas et ne seront pas totalement oubliées. Avec mon film, elles ne cesseront d’exister. Au moment du film où le « pêcheur aux cheveux blonds » revient et s’aperçoit que Thongchai, l’homme à qui il a sauvé la vie, s’est approprié sa propre maison et vit avec son ancienne compagne, la violence est tout de suite palpable. Au cours de ces dernières années, on m’a raconté de nombreuses histoires de réfugiés qui fuient la terreur et tentent d’entrer dans mon pays. Beaucoup les considèrent comme des personnes dangereuses. Ceux qui les craignent cumulent ressentiment et égoïsme, ce sont des gens à qui on a toujours vanté une nation à protéger à tout prix. C’est une histoire de ségrégation. Je ferme les yeux et j’imagine une forêt sombre et isolée, totalement silencieuse, à l’exception du bruit des oiseaux et des insectes. Le clair de lune brille à travers les arbres. J’observe attentivement ma forêt. Tout à coup, un homme dérangé allume des néons dans toute la forêt. D’affreux néons verts, jaunes, bleus et rouges. L’homme dérangé proclame que tout ce que ses néons illuminent « nous » appartient. Il passe son bras sur mes épaules. Je rouvre les yeux. La rivière Moei est juste devant moi. Soleil couchant. Deux jeunes garçons sont en train de dire au revoir à leur ami étranger. L’enfant traverse la rivière pour retourner d’où il vient. Je le regarde lentement disparaître. Le soleil a disparu. J’ai senti ces affreux néons s’allumer. Leurs lumières brillaient jusqu’au milieu de la rivière Moei devant moi. » (Note du réalisateur Phuttiphong Aroonpheng Mars 2018)
Phuttiphong Aroonpheng, né en 1976, a étudié les arts plastiques à l’Université Silpakorn de Bangkok. Ses courts métrages ont été programmés dans des festivals comme Busan, Rotterdam, Hambourg et Singapour. Son court métrage de 2015, Ferris Wheel, a été montré dans plus de vingt festivals et a reçu dix prix. Il a participé à l’Asian Film Academy de Busan en 2009 et a été aussi distingué comme un des intellectuels publics asiatiques par la Nippon Foundation. L’artiste a été aussi directeur de la photographie des films suivants : Vanishing Point de Jakrawal Nilthamrong, The Island Funeral de Pimpaka Towira, et Dolphines de Waleed Al-Shehhi.
Manta Ray est en quelque sorte un prolongement du court métrage de Phuttiphong Aroonpheng réalisé en 2015, Ferris Wheel, qui traite également des travailleurs migrants et de la frontière poreuse entre la Thaïlande et la Birmanie. « Mon scénario de départ, Departure Day, était en deux parties : la première montrait un travailleur immigré du Myanmar passant la frontière thaïlandaise, et la deuxième partie devait se passer dans un port de pêche et raconter la quête d’une véritable identité pour un homme mystérieux. La première partie est devenue Ferris Wheel et j’ai développé la deuxième partie pour en faire Manta Ray.«
Quand Phuttiphong Aroonpheng a écrit une première version du scénario il y a de nombreuses années déjà, la question rohingya n’était pas dans l’actualité et il ne savait quasiment rien de cette minorité ethnique. À l’époque, le metteur en scène était dans l’art vidéo et s’interrogeait sur la question de l’identité, et particulièrement sur la manière dont les artistes trouvent leur identité par leur travail. « À partir de là, j’ai commencé à me pencher davantage sur ce que peut contenir le terme « identité » : le moi, la frontière, l’appartenance ethnique, la nationalité. À la fin des années 2010, la question rohingya est davantage apparue dans les médias. Mais j’ai continué à m’intéresser au problème de l’identité de manière abstraite. Ce n’est pas une question spécifique concernant des groupes de personnes, ni même le passé ou le présent en particulier, mais bien une question d’histoire et de préjugés. On méconnaît tellement les autres.«
Pour les critiques et les publics internationaux, la référence art et essai thaïlandaise, c’est toujours Apichatpong Weerasethakul. Le film de Phuttiphong Aroonpheng est différent des siens à beaucoup d’égards, particulièrement du point de vue de l’approche formaliste, mais la comparaison semble tout de même inévitable. « Ça ne me gêne pas du tout ! Comme directeur de la photographie, je regardais et admirais les films d’Apichatpong et ses films ont eu une certaine influence sur moi. Dans Manta Ray, le personnage du soldat marque une ressemblance avec le cinéma d’Apichatpong, et les critiques en feront la remarque. Mais si vous voulez savoir quel réalisateur m’a le plus influencé comme artiste, il s’agit de David Lynch et en particulier d’Eraserhead. Je ne comprends pas ce film et je ne sais même pas de quoi il parle finalement, mais c’est ce genre de film que j’ai envie de réaliser« , déclare le metteur en scène.
Pour Phuttiphong Aroonpheng, l’idée était de filmer les personnages au téléobjectif. Le cinéaste voulait qu’ils soient vus à distance et jamais en gros plan. Il souhaitait également un rendu réaliste. « Peut-être parce que j’avais tourné auparavant beaucoup de publicités pour lesquelles on me demandait d’être méticuleux et d’en faire des tonnes pour avoir un rendu bien léché. J’ai donc souhaité l’inverse pour mon propre film : quelque chose de cru, sans embellissement. Le scénario de Manta Ray tient sur quelques pages, une trentaine en tout. J’avais l’intime conviction qu’avec mon équipe, nous serions capables de créer sur les lieux de tournage. Le scénario n’était qu’un guide et on pouvait ainsi s’adapter à notre environnement. Le style visuel qu’on a adopté en est aussi le reflet.«
Interrogé sur les trois acteurs principaux, le pêcheur, l’étranger et la femme, le réalisateur explique: » Wanlop Rungkamjad a joué dans le film thaïlandais Eternity, mais quand je l’ai approché, il m’a dit vouloir prendre du recul par rapport au milieu du cinéma. Mais j’ai insisté et je lui ai envoyé le scénario et il a fini par accepter le rôle du pêcheur. Celui qui joue le réfugié étranger s’appelle Aphisit Hama. On a organisé un casting et plus de trente personnes sont venues. Aphisit a été le dernier à passer. Rasmee Wayrana qui joue le rôle de la femme, est une chanteuse bien connue en Thaïlande qui fait la fusion entre le chant Mor Lam traditionnel et la soul et le jazz. Elle crée un nouveau genre. J’aime son visage, ses yeux, et comme il y a beaucoup de chant dans ce rôle, elle est parfaite.«
En dehors de l’aspect visuel, c’est le son qui semble aussi constituer un aspect important de l’oeuvre. On entend beaucoup de musiques construites sur mesure avec des sons complexes, parfois avec des instruments qui sont difficiles à identifier. C’est très différent de la plupart des films thaïlandais contemporains qu’on a l’habitude de voir. « On a travaillé avec Snowdrops, un groupe de musique de Strasbourg qui utilise un instrument particulier, les ondes Martenot. Après le tournage, j’ai écouté de nombreuses propositions musicales pour notre bande originale et c’est le travail de Snowdrops qui m’a le plus attiré et que j’ai retenu. C’était proche du son des films expérimentaux des années 1950. Personnellement, puisque je viens d’un univers où le visuel prime, j’ai une préférence pour les sons travaillés plutôt que pour les mélodies instrumentales. Ma méthode de prédilection, pour la musique de film, c’est de laisser le compositeur regarder les images et de lui demander une proposition sur le « son » qu’il voudrait donner au film, sans que je lui donne d’orientations au départ. Cela peut en dérouter certains, mais j’ai le sentiment que Snowdrops a apporté une nouvelle dimension inattendue à ce film. « , confie Phuttiphong Aroonpheng.
«Du cinéma thaïlandais, la plupart d’entre nous ne connaît qu’un nom : Apichatpong Weerasethakul a fait irruption dans la cinématographie mondiale, en remportant la Palme d’or en 2010 avec le très étrange Oncle Boonmee (Celui qui se souvient de ses vies antérieures). Sans en adopter la dimension la plus onirique, Manta Ray s’inscrit dans cette filiation. Celle d’un cinéma des sens et des éléments, plus que de la narration, bien que son réalisateur préfère évoquer de son côté l’influence de David Lynch. Il en résulte un film singulier à l’allure de fable dont l’atmosphère envoûtante est créée par des images et un son très travaillés. Ils envahissent tout notre espace mental et compensent la quasi-absence de dialogues. Le film n’est pas pour autant abstrait ou hermétique. Au contraire, il part de la réalité la plus concrète : celle de la tragédie des Rohingyas, ethnie minoritaire malmenée de l’ouest de la Birmanie. Nous sommes en Thaïlande, dans une zone frontalière. Un jeune pêcheur à la chevelure peroxydée découvre un homme à moitié mort dans une mangrove. Il le ramène chez lui, le soigne et l’accueille, bien que celui-ci ne prononce pas un mot. Lorsque le jeune homme disparaît mystérieusement, le réfugié décide progressivement de prendre sa place et sa vie, allant jusqu’à faire un enfant à son ex-épouse. Métaphore sur l’accueil et sur l’identité d’un peuple privé de voix, le film recèle une beauté formelle et une poésie qui imposent au spectateur son charme tenace. On se laisse porter par cette histoire à la trame ténue sur laquelle planent les fantômes, ceux des réfugiés rohingyas ensevelis à cet endroit, comme autant de lumières colorées qui scintillent dans la forêt.» (la-croix.com)
«Phuttiphong Aroonpheng signe un premier film d’une quiétude menaçante : sous les images, lentes, calmes, se déroule, en secret, une tragédie. Les Rohingyas sont exterminés, jetés dans des fosses communes, transformés en fantômes qui errent interminablement dans la forêt. Ex-directeur photo passé à la réalisation, Aroonpheng signe un récit profondément humaniste, où rien n’est expliqué, où nul n’est défini, où seuls comptent les sentiments et les gestes, si minimes soient-ils. Quand le pêcheur apprend à son compagnon muet à danser sous une boule tango ; quand il enseigne la natation ou la beauté du monde ; quand une femme arrive, poussée par l’aridité de la ville, le film est comme porté par une houle de grâce. Est-ce une parabole, une énigme politique, une fable onirique ? Passent des indices, semés par le réalisateur : le pêcheur refuse de continuer un sale boulot (on ne saura jamais lequel, mais on se doute qu’il s’agit de traquer les immigrants), son patron lui indique que cette désertion ne passera pas inaperçue. Etrange film, où il faut deviner les saloperies, et où la mer, périodiquement, rythme les images. Le sound design obsédant, souligné par la musique du duo français Snowdrops, colore tout, infuse les êtres et les paysages. Ce vernis méditatif, cette façon de prolonger la note est en contraste total avec la violence sous-jacente de ce littoral traversé par des hommes traqués. » (nouvelobs.com)
«Bien qu’il s’en défende, ce nouveau film thaïlandais évoque bien sûr par son atmosphère et son décor – puisqu’il se passe presque entièrement dans la forêt à la frontière avec la Malaisie, avec ses lianes, sa boue et ses cris d’oiseaux – le cinéma étrange et envoûtant d’Apichatpong Weerasethakul. Mais il propose cependant des pistes beaucoup plus sociales et beaucoup moins ésotérique, tout en demeurant très secret…Ce film est une oeuvre de méditation bien dans la veine du cinéma extrême-oriental…un film étrange, qui joue beaucoup sur l’atmosphère, les couleurs et les lumières magiques mais angoissantes qui peuplent la nuit de la jungle. Film sur la place à prendre dans le monde, sur le silence, sur le mutisme des peuples bâillonnés dont on ne sait rien, sur la différence et enfin sur l’amour, ce Manta Ray ne laissera personne indifférent puisqu’il dit beaucoup de choses sur la Thaïlande, mais aussi sur notre humanité un peu trop malmenée et sollicitée.» (iletaitunefoislecinema.com)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri
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