Minority Report



Vendredi 20 décembre 2002 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Steven Spielberg – USA – 2002 – 2h25 – vostf

A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au coeur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la « Précrime » devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n’a alors plus qu’à lancer son escouade aux trousses du « coupable »… Mais un jour se produit l’impensable : l’ordinateur lui renvoie sa propre image. D’ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha.

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Minority Report est adapté d’une nouvelle de l’auteur de science-fiction Philip K. Dick. Cette histoire fut publiée pour la première fois en 1956 dans le journal Fantastic universe. Minority Report n’est d’ailleurs pas la seule adaptation cinématographique. Blade Runner (1983) de Ridley Scott d’après le roman Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques ?, Total Recall (1990) de Paul Verhoeven d’après la nouvelle We can remember it for you wholesale (connue en France sous divers titres dont Souvenirs à vendre), Paycheck (2003) de John Woo d’après la nouvelle éponyme et le film d’animation A Scanner Darkly (2006) de Richard Linklater d’après le roman Substance mort, complètent une liste non exhaustive et qui reste ouverte. A son sujet, John Underkoffler, professeur au M.I.T. (Massachussets Institute of Technology) et consultant sur Minority Report note : « Philip K. Dick est une des rares personnes qui ait compris que la bonne science-fiction est en fait la science-fiction sociale. La technologie est un reflet ou un écho de ce qui se passe dans la société. Dick était intéressé par ses effets anthropologiques.« Certains de ses romans sont reconnus comme des chefs-d’œuvre, tels Le maître du Haut Château (1962) qui est une uchronie dans laquelle l’Axe ayant remporté la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie et le Japon occupent les États-Unis, et Ubik (1969).

Le réalisateur Steven Spielberg voit Minority Report comme une nouvelle étape dans sa carrière. « Je suis à une période de ma vie où je souhaite expérimenter, relever des défis, aborder avec mes équipes des sujets nouveaux », confie-t-il. « Minority Report est un mystère, une énigme autour d’un crime futur, un film qui vous embarque dans une aventure humaine : l’histoire d’un personnage marqué par une tragédie et qui tente de retrouver son équilibre.« 

Pendant la préparation du film, Steven Spielberg a rassemblé seize spécialistes du futur pour définir au mieux ce que sera 2054. Il raconte : « j’ai pensé que ce serait une bonne idée de rassembler dans une même pièce les plus grands spécialistes en technologie, environnement, lutte contre le crime, médecine, santé, services sociaux, transports, informatique et d’autres domaines afin de discuter de ce que sera le future dans 50 ans. » Il a ainsi convié dans un hôtel de Santa Monica des scientifiques du M.I.T. tels que John Underkoffler mais également des urbanistes, des architectes, des inventeurs ou des écrivains tels que l’auteur de « Generation X« , Douglas Coupland.

Steven Spielberg a souhaité que le public voie en Minority Report « une extension du monde actuel« , comme le définit le chef décorateur Alex McDowell. Spielberg lui-même explique avoir voulu que « cet environnement, très touffu, très détaillé, soit perçu comme une évidence, qu’on finisse par l’oublier pour concentrer toute son attention sur le mystère. » John Underkoffler, professeur au M.I.T. (Massachussets Institute of Technology) et consultant sur le long métrage, déclare quant à lui que « le monde de Minority Report est plus réaliste, plus âpre, plus nuancé que celui que nous présentent si souvent les utopistes. Il constitue une toile de fond passionnante.« 

«En 2054, soit après-demain, une nouvelle division de la police américaine utilise les pouvoirs paranormaux d’un trio de voyants, les « précogs » (de « précognitifs »)… Ces modernes pythies lisent le futur, quand celui-ci est criminel : les meurtres à venir  à plus ou moins longue échéance, selon qu’il y a ou non préméditation  leur parviennent sous forme de flashs, d’images flottantes, de courtes séquences disjointes et floues. 
Aux flics de la « précrime » d’assembler ces saynètes, transmises du cerveau des oracles à des ordinateurs transparents super design, de les interpréter  et d’aller cueillir les criminels avant le crime. Est-on aussi coupable de vouloir tuer que de tuer réellement ? Oui, si l’avenir est écrit, certifié intangible. John Anderton, policier d’élite, virtuose de la manipulation d’images précognitives, et par ailleurs Tom Cruise dans le civil, ne se pose donc pas la question. Jusqu’au jour où le prochain meurtrier qu’il doit menotter n’est autre que lui-même. Alors, notre héros prend la tangente, fuit dans la ville ultramoderne, et tente d’échapper à ses poursuivants…Ces chasseurs d’hommes représentent le destin, qui colle poisseux aux basques du simple mortel. 
Destinés d’abord au public ado, bourrés de technologie et d’invraisemblances, les films de science-fiction n’ont pas forcément bonne réputation. Il en sort un tous les quatre ou cinq ans qui fait date, parce qu’il prend le genre au sérieux : Blade Runner, de Ridley Scott, L’Armée des douze singes, de Terry Gilliam, dans une moindre mesure Strange Days, de Kathryn Bigelow, ou Bienvenue à Gattaca, d’Andrew Niccol. Minority Report est de cette trempe-là, et rassure ceux qui n’avaient plus tout à fait reconnu Steven Spielberg dans sa dernière fable futuriste, A.I… C’est 1984 avec une lueur d’espoir, en quelque sorte, un film qui dose finement le spectaculaire et le devoir de philo (mention assez bien), bref qui a tout pour hanter longtemps notre imaginaire. 
Là où Spielberg est convaincant, en premier lieu, c’est dans la représentation de la société de demain. Les objets et gadgets d’alors  home cinema en 3D, minitéléphones de la taille d’une oreillette, quotidiens électroniques en prise directe avec l’actualité, etc.  sont une extrapolation astucieuse de ce que l’on vit déjà. Mieux, le flicage permanent par flashage de la rétine  très Big Brother  utilisé à des fins commerciales  jolie séquence de pub interactive  et policières ne fait que pousser jusqu’à l’extrême la « traçabilité » déjà avérée de nos actes (achats par carte de crédit, connexions Internet, cliquez, vous êtes surveillé). Ce futur, on y est presque. Y croire, c’est d’ailleurs la condition sine qua non de la réussite du film : pour mieux faire passer l’impossible postulat de départ (des « précogs » lisent l’avenir), Spielberg lui-même a su s’entourer de futurologues compétents…

Un plan magnifique montre les visages de Tom Cruise et de Samantha Morton (étonnante dans le rôle d’Agatha, la « précog ») , l’un tourné vers le passé qui le hante, l’autre vers le futur. Image parlante d’un Janus bifront qui offre la clé du récit : la réconciliation, la communication passeront par l’acceptation du présent, la nécessité de faire avec le monde tel qu’il est. Minority Report s’impose in fine comme un éloge du libre arbitre, un refus presque inattendu  dans le contexte hollywoodien  de l’obscurantisme. Non seulement l’homme n’est pas le jouet d’un fatum aveugle, mais le futur qui l’attend, c’est à lui de l’imaginer et de le bâtir. Steven Spielberg a triomphé de Philip K. Dick…» (telerama.fr)

Dans son film, Spielberg aborde des questions philosophiques tels que le libre-arbitre, le déterminisme, le destin…et nous fait voir un monde qui a suscité de multiples interprétations : dénonciation du zéro crime, libre adaptation du mythe œdipien, critique de la surveillance, éloge de la résistance, allégorie d’une société informatisée…L’œil, dans la double dimension de l’action de voir et de la chose vue, constitue le pivot du film. Également en sa dimension mystique de la vision quand elle désigne ce don propre à des élus ou des virtuoses religieux à voir le surnaturel ou le divin. Bref cette capacité à représenter ce que la plupart ne peuvent voir. Plus souterrainement, le film distille peut-être aussi l’idée de vision dans le sens d’une représentation imaginaire et extravagante, sous l’emprise de stupéfiants par exemple, et que rend l’expression : avoir des visions. Les précogs détiennent en effet leur pouvoir de mutations provoquées par une nouvelle génération de drogues ingérées par leurs parents. Les références à toutes ces dimensions de l’œil et de la vision irriguent ainsi le film ; la perspective ludique ne doit au reste pas nous échapper, le film s’amusant évidemment à ce sujet avec le spectateur dans un jeu de miroirs en abyme…

Voir ce que les autres ne voient pas et son envers, ne pas voir ce que les autres voient : le personnage de John Anderton est tout entier pris par cette problématique. Il y joue sa vie. Pour échapper à Précrime et faire la vérité, le docteur Hineman adresse à Anderton : “ Parfois, pour voir la lumière, il faut risquer les ténèbres ”. Afin qu’il retrouve son “ droit de regard ”, elle lui suggère de se rendre dans « La Zone », la ville underground, la ville de tous les trafics, pour changer ses yeux : il faudra en effet d’autres yeux à Anderton pour voir ce qu’il ne pouvait distinguer jusque là, il devra consentir au sacrifice de ses propres yeux, dans un certain sens changer de regard pour appréhender différemment le réel et écrire une autre histoire subvertissant l’histoire officielle produite à partir des précogs. Renversement dans la mesure où la fonction de John Anderton à Précrime est de voir ce que le profane ne voit pas en interprétant les images disparates fournies par les précogs. Spielberg affirme ici la liberté de l’homme, la possibilité d’un arrachement à la servitude, à un système qui réduit l’humain à être un objet pour les machines (policière, politique, publicitaire)…

L’œil encore : La cité du futur est parcourue par un réseau dense de scanners rétiniens qui permettent d’identifier chaque individu. L’œil est si l’on veut l’équivalent de l’empreinte génétique aujourd’hui. À la différence que l’identification est mobile, délocalisée dans une multitude de lieux publics (rues, transports, galeries marchandes). Les « identoptics » autorisent donc de gérer les flux en repérant chaque élément de la foule. Il devient dès lors possible de personnaliser les messages publicitaires réverbérés sur les écrans qui peuplent la ville…L’œil est aussi ce par quoi s’inscrit son destin, déterminé par la pré-vision réalisée par les précogs. Un destin inéluctable en apparence comme le laisse entendre Anderton au moment de l’interpellation de M. Marks : “ Je vous arrête pour le meurtre futur de Sarah Marks et Donald Dublin ”, et juste avant l’opération de cerclage – une sorte de menottes psychiques passées autour de la tête – qui le plonge dans un état catatonique. La dimension du destin est notamment soulignée à travers la modalité de délivrance des noms de la victime et du coupable obtenus à partir des visions des précogs. – comme Œdipe a tenté de fuir le destin révélé par l’oracle d’Apollon – Anderton accomplira sa destinée. Il tuera ce Léo Crow qu’il ne connaissait pas. On rappellera juste qu’Œdipe se creva les yeux.

Proche de la tradition grecque, Spielberg nous montre qu’au-delà de l’aporie du déterminisme et du libre-arbitre, la destinée ne renvoie pas tant à une puissance qui règle le cours des événements qu’à des individus à qui est donné le pouvoir d’être l’artisan de leur propre destin. Autrement dit, de rendre visible la fatalité. On ne se trouve pas dans l’idée chrétienne du destin et son accent de vocation ou d’élection (être appelé à un grand destin) ou bien dans l’idée de nécessité inexorable. Nécessité et liberté sont chez Spielberg intriquées : John choisit librement une destinée qui s’impose à lui et dont il est toutefois responsable ! Peut-être Spielberg suggère-t-il l’idée que la question de la liberté est en fait celle de son usage, en l’occurrence le choix que fait Anderton de ne pas tuer Léo Crow, répondant ainsi à Agatha qui lui murmure : “ tu as le choix John ”. En faisant ce choix, Anderton introduit un événement hors-programme, une faille, une contingence alors même que le destin prédit par les oracles va s’accomplir : Léo Crow est tué par Anderton. Ce simple choix va en effet introduire de l’imprévisible au cœur de l’inévitable. Et d’autres mondes deviennent dès lors possibles, livrés à l’action des hommes et non plus à la nécessité des machines informatiques…

Parmi les nombreuses questions que pose le film, il y a celle concernant très directement le thème des conséquences d’une société sécuritaire visant le zéro crime :
 dans le film,  la désignation de la dangerosité est laissée à une instance extra-lucide. La science prédictive, en sa pointe donc la plus fine, dans ce futur hautement technologisé, repose sur une pensée archaïque, magique…Les criminels (potentiels) arrêtés par Précrime subissent une sorte de relégation. Ils effectuent en effet leur peine dans une sorte de prison…Le film pose clairement que l’idéal sécuritaire est une idéologie folle dont la mise en œuvre tue plus sûrement les libertés individuelles qu’elle n’abolit le crime. Ne serait-ce que parce que les criminels (en puissance) interpellés ne relèvent pas du régime commun de la détention mais d’une mesure spéciale de neutralisation…

La dramaturgie hollywoodienne qui combine le héros, la mission, le traître, le triomphe du bien sur le mal permet au spectateur de désigner sans coup férir de pointer ce qui est construit pour lui procurer un sentiment d’intolérable : la peine ante delictum (appliquée avant l’acte criminel), la relégation, la surveillance généralisée…Cela ne nous empêche pas dans notre quotidien d’aujourd’hui d’utiliser des téléphones avec GPS, des cartes à puces, de fournir des renseignements intimes sur les réseaux sociaux. Il en est de même avec les thèmes de la défense sociale et les notions de dangerosité, de gestion des risques criminogènes, de détection précoce, de mesures de sûreté qui y sont attachées…

Les questions éthiques sont incarnées par le délégué du ministère de la Justice. Witwer interroge : Les précogs peuvent-ils faire la différence entre l’intention et le passage à l’acte ? Peut-on légitimement enfermer indéfiniment des hommes qui, en réalité, n’ont encore rien commis ? Auxquelles répond un discours de l’efficacité, la fin sécuritaire justifiant les moyens. D’autres questions émergent dans le cours du film : La baisse de la criminalité enregistrée grâce à l’action de Précrime justifie-t-elle le coût induit pour les libertés ? Sommes-nous prêts à y consentir ? Le docteur Hineman suggère d’ailleurs qu’un tel système n’est acceptable que s’il est infaillible : “ Qui veut d’une justice qui laisse place au doute ? ”, avance-t-elle. C’est pourquoi l’existence du rapport minoritaire est soigneusement cachée, la copie informatique étant détruite. Autrement dit, ce qui garantit l’infaillibilité du système ne serait-il pas un déni du réel ?
Steven Spielberg suggère en tout cas qu’un monde où la balance entre la liberté et la sécurité penche du côté de cette dernière est proprement invivable.» (LaurentDartigues/Carnets vagabonds – http://flanerie.hypotheses.org/189)

Depuis A.I. Intelligence artificielle, on connaît l’amitié de Steven Spielberg et de Stanley Kubrick. Ainsi, ce dernier film était à l’origine un projet de Kubrick mais que Spielberg décida de réaliser à la mort de celui-ci. Mais, l’admiration que Spielberg porte à Kubrick ne s’arrête pas là car, dans Minority report, Spielberg multiplie les références aux films du réalisateur d’Orange mécanique : Le personnage de Max von Sydow est nommé Burgess comme l’auteur du roman Orange mécanique, Anthony Burgess, que Kubrick adapta au cinéma en 1971. Quand l’agent Anderton interprété par Tom Cruise subit une opération des yeux, ils sont maintenus par des attaches très proches de celles utilisées sur Alex dans Orange mécanique. Le personnage d’Anderton est d’ailleurs assez proche de celui d’Alex, héros d’Orange mécanique. Comme lui, il est accroc aux drogues et aime la musique classique. Après la séquence du premier meurtre, un gros plan de l’oeil d’Agatha, interprété par Samantha Morton, apparaît brusquement. Kubrick avait utilisé un plan et un montage similaire dans 2001 : l’odyssée de l’espace après les explosions de lumières.

Le studio ILM (Industrial Light and Magic), qui avait déjà joué un rôle prépondérant dans de précédents films de Steven Spielberg, a cette fois-ci une nouvelle fois occupé le devant de la scène. Les équipes ont ainsi du créer de nombreuses images de synthèses, comme pour l’impressionnante scène dans laquelle Tom Cruise évolue dans un paysage autoroutier futuriste. « Le seul élément physique réel de cette scène est Tom, que l’on voit bondir hors de son véhicule et s’échapper en sautant sur les toits de voitures« , explique Scott Frankel, Superviseur compositions. « Tout ce qui l’entoure : les véhicules, l’immense paysage urbain avec ses centaines d’immeubles, ses fumées, etc…, est en images de synthèse. »

La productrice Bonnie Curtis n’hésite pas à affirmer que Minority Report peut être considéré a certains égards comme « le film le plus compliqué de toute la carrière de Steven Spielberg. » A titre d’exemple, le projet nécessita pas moins de 481 plans d’effets spéciaux, un nombre qui n’avait pas été atteint chez Spielberg depuis Rencontres du 3e type.

Matt Damon devait jouer le rôle de l’inspecteur Ed Witwer, le héros de Minority Report, mais ne put assurer le tournage en raison d’emploi du temps incompatible avec le tournage d’ Ocean’s eleven. C’est donc Colin Farrell qui le remplaça. Par ailleurs, les scènes où apparaissait le jeune acteur d’Arlington Road, Spencer Treat Clark, n’ont pas été retenu au montage final.

Alors que Steven Spielberg faisait une brève apparition dans le film de Cameron Crowe avec Tom Cruise, Vanilla sky, c’est au tour de Cameron Crowe de lui renvoyer la pareille en apparaissant dans le film de Steven Spielberg. On peut voir le réalisateur de Jerry Maguire dans le rôle d’un des passagers du bus. Au casting de Vanilla sky, Cameron Diaz fait également une courte apparition dans Minority Report : elle est une des passagères du métro.

Steven Spielberg et Tom Cruise envisageaient depuis longtemps de collaborer ensemble. Les deux hommes s’étaient rencontrés en 1983, à l’époque de Risky business et étaient depuis en quête d’un projet commun. Minority Report fut l’occasion rêvée, même si le tournage du film a d’abord été décalé de deux ans : quand la décision de mettre en chantier Minority Report a été validée, Cruise et Spielberg travaillaient en effet respectivement sur M: I – 2 et A.I. Intelligence artificielle. D’ailleurs, c’est Tom Cruise qui se trouve directement lié à la naissance de Minority Report. Durant le tournage de Eyes wide shut, le comédien tomba sur la nouvelle de l’auteur Philip K. Dick et, après lecture, décida immédiatement d’en faire part à Steven Spielberg en vue d’une adaptation cinématographique. On connaît la suite…

Tom Cruise est réputé pour vouloir, le plus souvent possible, effectuer les cascades de ses films lui-même, même les plus dangereuses. Steven Spielberg se souvient : « Le jour où je suis allé le voir sur le plateau de M: I – 2, Tom exécutait une chute de trente mètres au bout d’un filin d’acier…sans matelas de protection. J’ai demandé à John Woo : « Comment peux-tu lui laisser faire ça ?« . Et John m’a répondu : « Essaye de l’en dissuader ! » Et de poursuivre : « J’ai donc conclu un accord avec Tom : « C’est moi qui déterminerai quelles cascades tu peux faire, et on s’en tiendra à mes décisions. » Mais, finalement, c’est lui qui a fait l’essentiel du travail.« 

L’une des scènes les plus saisissantes de Minority Report est celle au cours de laquelle de nombreuses araignées mécaniques poursuivent le héros John Anderton. C’est une équipe de chercheurs de l’Université de Cornell qui est parvenu à restituer les sons produits par ces arachnides, sons inaudibles chez l’homme. Gary Rydstrom, sound designer du film, explique que cette équipe a « réalisé de magnifiques enregistrements d’araignées en mouvement ou occupées à leurs divers rituels. Ces sons, bien que naturels, ont un caractère étrangement mécanique, qui évoque parfois le ronflement d’un petit moteur. La nature se révèle, une fois de plus, une fascinante et épuisante sonothèque…« 

La photographie de Minority Report tient une place primordiale dans le film. Steven Spielberg se rappelle des premières indications données à Janusz Kaminski, son fidèle directeur de la photographie depuis La Liste de Schindler. « J’ai expliqué à Janusz que ce serait mon film le plus ténébreux, avec une image granuleuse, froide, ancrée dans l’univers âpre et brutal du film noir. Tout le contraire de la chaude atmosphère d’A.I. Intelligence artificielle« .

Steven Spielberg et le compositeur John Williams collaborent ensemble de longue date. Pour Minority Report, Williams a néanmoins changé sa manière de travailler, écrivant pour l’occasion ce que Spielberg décrit lui-même comme « sa première partition en noir et blanc« . Le réalisateur poursuit ainsi : « Alors que toutes ses partitions antérieures étaient, selon moi, « en couleur », celle-ci est plus expérimentale. On la ressent davantage qu’on ne l’entend.« 


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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