Ondine


 


Dimanche 25 Octobre 2020 à 17h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Christian Petzold – Allemagne – 2020 – 1h30 – vostf

Ondine vit à Berlin, elle est historienne et donne des conférences sur la ville. Quand l’homme qu’elle aime la quitte, le mythe ancien la rattrape : Ondine doit tuer celui qui la trahit et retourner sous les eaux…

Notre article

par Josiane Scoleri

Ondine est un conte, un film féerique qui emprunte une légende, remontant aux plus anciens mythes germaniques et scandinaves, encore très présente dans la culture allemande aujourd’hui. Tous les enfants, outre-Rhin, connaissent le mythe d’Ondine sous une variante ou une autre. Christian Petzold s’en empare pour en faire une histoire d’amour à la fois contemporaine et atemporelle. Si le film se déroule dans le Berlin d’aujourd’hui, toujours travaillé par son histoire récente, mais nous ne verrons de la frénésie architecturale qui le caractérise depuis 30 ans que … des maquettes. Comme si la ville pouvait perdre sa dimension minérale au profit de l’eau, omniprésente. Comme si la matière du film pouvait devenir liquide. Et Petzold réussit à donner à son récit la fluidité du mouvement propre à l’apesanteur qui nous enveloppe au contact de l’eau. Nous nageons, nous flottons dans le film comme les personnages qui plongent et remontent à la surface.

Passées les cinq premières minutes d’introduction – un couple , comme mille autres, en plein dialogue de sourds- nous savons d’un coup que nous avons changé de registre. Ondine vient de dire « Si tu me quittes, je dois te tuer » ( ich muß en allemand est un impératif moral). Nous sommes dans la légende. Ondine cesse d’être une femme ordinaire. Avec beaucoup d’habileté, le film va alterner des scènes ancrées dans le réel ( les visites guidées au musée par exemple) et des moments où le réel vacille, et d’un coup cède même complètement la place à l’imaginaire. C’est ce balancement qui fait le charme du film et qui nous tient de bout en bout. Lorsque l’aquarium explose dans le café, nous ne comprenons pas vraiment ce qui se passe, si ce n’est qu’Ondine est vraiment une ondine. Et pour aimer vraiment une ondine, il fallait à tout le moins un scaphandrier. Avec cette belle idée de scénario simple et forte, Ondine entre véritablement dans son élément et nous vaut des images somptueuses. Les scènes filmées sous l’eau contiennent par elles-mêmes cette dimension mystérieuse, magique, légèrement inquiétante qui nous saisit dès que le premier instant où nous voyons Christoph faire des soudures sous l’eau. Dans le silence aquatique, le visuel est magnifié d’autant. Lorsque surgit l’énorme silure, comme un Leviathan des temps les plus reculés, nous sommes tout autant fascinés que Christoph qui tarde à remonter à la surface. Dès lors, l’alternance de scènes sous l’eau et sur terre va épouser parfaitement ce balancement entre réel et imaginaire qui structure le film. Le rythme a quelque chose du mouvement souple des rides à la surface du lac. On pourrait dire du film qu’il ondule. Être scaphandrier est de toute évidence un métier qui contient sa part intrinsèque de risque. L’eau, indispensable à la vie, est en même temps le lieu de la menace de mort. Le danger devient tangible.

Une des plus belles scènes du film est certainement celle où Christoph emmène Ondine plonger dans le lac pour la première fois. La double nature du personnage d’Ondine nous apparaît au fur et à mesure que se déroule la scène. Femme, elle est équipée d’une combinaison de plongée, de palmes, d’un masque et d’une lampe électrique. Ondine, elle n’en a pas besoin et on voit tous ces objets flotter les uns après les autres entre deux eaux. Elle disparaît aux yeux de Christoph et débarrassée de tous ces oripeaux , elle ne fait plus qu’un avec l’eau et le silure dans un ballet étrange et sensuel. Le danger pour Ondine est qu’elle redevienne ondine. Elle sait qu’elle a transgressé la loi en se lançant dans cette histoire d’amour avec un autre humain. Elle n’a pas tué Johannes, l’homme qui l’a trahie, alors qu’elle avait dit : « Ich muß dich töten ». Elle n’est pas retourné au monde de l’eau. Elle défend sa part de bonheur humain. On comprend qu’elle demande à Christoph de la réanimer à nouveau, comme si c’était un jeu entre amants. Mais pour elle, c’est bien sa victoire sur le destin, le fatum antique qui ne laisse pas le choix. Là aussi, nous sommes à la fois dans le contemporain, avec cette jeune femme qui affirme son libre arbitre et dans l’antique, comme les héroïnes des tragédies grecques, capables de défier les dieux. Le film ne se défait à aucun moment de cette double dimension, et c’est aussi ce qui nous tient en haleine. Ondine va-t-elle réussir son pari ?

Le moment de césure intervient exactement à la moitié du film. Deux couples se croisent. Ondine suit longuement du regard Johannes et sa nouvelle compagne. Elle sait qu’il n’est pas si facile de se défaire de sa condition. Christian Petzold possède l’art de doser de manière très fine ce qu’il nous donne à voir des difficultés de cette histoire d’amour si humaine (jalousie de Christoph, mensonge d’Ondine, revirement de Johannes), mais sans s’appesantir, parce qu’au fond chacun sait que ce n’est pas là le véritable sujet du film. Et, de fait, très vite le film reprend son envol, loin des banalités du quotidien, vers des sommets bien plus tragiques, dans un mouvement de romantisme pur où il ne peut être question de demi-mesures. Les liens entre Éros et Thanatos sont avérés depuis toujours. Et l’histoire d’Ondine nous renvoie à ce face à face. Si l’amour peut vaincre la mort, c’est uniquement en mettant en jeu sa propre vie.

La dernière demi-heure du film ira ainsi crescendo, sans de départir pour autant de ce rythme souple qui le caractérise. Les événements se succèdent dans la logique implacable qu’Ondine avait essayé d’enrayer. Mutique, elle sait ce qu’elle a à faire et le fait sans sourciller. Et lorsqu’on pourrait croire que le rationnel reprend définitivement ses droits, le film se permet une dernière embardée du côté du fantastique qui signe la libération effective de Christoph. En paix avec le fantôme d’Ondine, il va pouvoir s’ancrer dans la vie et se projeter dans l’avenir. L’adagio de Bach, entendu plusieurs fois pendant le film en écho au silence des eaux du lac, revient boucler la boucle de cette fin très douce, comme la possibilité de la sérénité, malgré tout. Enfin, un mot sur Paula Beer (Ondine) et Franz Rogowski (Christoph) qui donnent au film cette texture vibrante d’émotion et l’élèvent ainsi bien au-dessus d’une simple histoire d’amour.

Sur le web

Christian Petzold est né en 1960 à Hilden. Il fait des études de littérature et de théâtre à la Freie Universität de Berlin, puis des études de réalisation à l’Académie Allemande de Cinéma et de Télévision (DFFB). En parallèle, il travaille comme assistant réalisateur avec Harun Farocki et Hartmut Bitomsky. Parmi ses films, qui ont reçu de nombreuses récompenses, on peut citer : Pilotes (1995), Cuba libre (1996, Prix Spécial du Jury au Festival Max Ophüls), Die beischlafdiebin (1998, Prix des Producteurs au festival Max Ophüls), Contrôle d’identité (2001, Prix du Cinéma Allemand dans la catégorie Meilleur Film de Fiction, Prix du Cinéma du Land de Hesse), Toter mann (2002, Prix Grimme, Prix de la Télévision Allemande, Fipa d’Or à Biarritz), Wolfsburg (2003, Prix de la Critique Internationale au Panorama de la Berlinale, Prix Grimme), Fantômes (2005, en compétition à la Berlinale, Prix de la Critique de Cinéma Allemande), Yella (2007, Ours d’Argent à la Berlinale et Prix du Cinéma Allemand pour Nina Hoss), Jerichow (2008, en compétition à Venise, Prix de la Critique de Cinéma Allemande), ainsi que Dreileben (2011, Prix Grimme et Prix de la Télévision Allemande ex-aequo avec Dominik Graf et Christoph Hochhäusler). Pour Barbara (2012), Christian Petzold s’est vu décerner entre autres l’Ours d’argent pour la Meilleure Réalisation à la Berlinale, ainsi que le Prix du Cinéma Allemand (Médaille d’Argent) et une nomination au Prix du Cinéma Européen. Phœnix (2014) a été classé, comme auparavant Barbara, parmi les « Top Five Foreign Language Films » du National Board of Reviews aux Etats-Unis et récompensé entre autres par le Prix de la Fipresci à San-Sebastián, des Prix de la réalisation à Lisbonne et Hong-Kong, le Prix du Cinéma Allemand pour Nina Kunzendorf dans la catégorie « Meilleur Second Rôle » et le prix de la Meilleure Actrice au Seatlle Film Festival pour Nina Hoss. Plus récemment, Christian Petzold a tourné pour la télévision trois épisodes de la série Polizeiruf : Kreise (2015) et Wölfe (2016) et Tatorte (2018) avec Matthias Brandt et Barbara Auer. En 2018, Christian Petzold était de nouveau en compétition à la Berlinale avec Transit, qui a reçu entre autres le Prix du Cinéma Bavarois dans la catégorie « Meilleur scénario » et a été nominé pour le Prix du Cinéma Allemand dans la catégorie « meilleur film de fiction ». Comme auparavant Barbara et Phœnix, Transit a été classé parmi les « Top Five Foreign Language Films » du National Board of Reviews aux États-Unis et s’est retrouvé dans la liste des films préférés de Barack Obama. Parmi les nombreuses distinctions reçues par Christian Petzold, on peut mentionner le Prix Helmut Käutner (2013), le Prix Julius Campe (2018), le Prix d’honneur du Festival de Lisbonne et le Prix Schiller de la ville de Mannheim (2020).

Dans les années 90, le réalisateur Christian Petzold a lu Liebesverrat de Peter von Matt, où l’on trouve un chapitre sur le mythe d’Ondine, et il s’est intéressé à cette histoire de l’amour trahi. « L’histoire d’Ondine, je la connaissais depuis mon enfance, mais en fait j’ai toujours de faux souvenirs des choses. C’est peut-être nécessaire, d’ailleurs, pour écrire des scénarios : des faux souvenirs, comme un faux témoignage… Ce dont je me souvenais bien, c’est cette phrase qu’Ondine prononce à la fin, quand elle a tué l’homme infidèle et dit à ses serviteurs : « Je l’ai noyé dans mes larmes ». J’ai toujours aimé cette phrase de Fouqué. Ce souvenir s’est mêlé à d’autres versions, celles de Lortzing ou de Hans- Christian Andersen avec sa « Petite sirène », où ce thème revient sous une autre forme. Et un jour, j’ai lu aussi Ingeborg Bachmann : Ondine s’en va. Chez elle, j’ai bien aimé le fait que ce soit Ondine qui parle, et non un narrateur ou un homme quelconque. C’est une femme qui parle. Sous cet angle-là, on pourrait faire un film, me suis-je dit : en se focalisant sur Ondine, sur son désespoir. La malédiction, chez Ingeborg Bachmann, c’est que les hommes ne sont jamais fidèles parce qu’en réalité ils n’aiment qu’eux-mêmes. Et le fait de briser cette malédiction, dans une perspective féminine, cela me semblait être le point de vue juste pour ce récit. Le fait qu’Ondine, chez nous, refuse de retourner vers le lac dans la forêt. Qu’elle ne veuille pas tuer. Il y a là un homme, Christoph, qui l’aime pour elle-même, c’est la première fois et c’est pour cet amour qu’elle se bat…Ondine parle de l’amour, ce que faisaient aussi Barbara , Phoenix et Transit . Mais dans ces films, il s’agissait d’un amour impossible ou d’un amour détruit, ou encore d’un amour qui va peut-être se développer. Cette fois, je voulais faire un film où l’on voit comment l’amour naît et perdure. De plus, il n’y a pas d’histoire apolitique. Le politique se glisse toujours dans les histoires. »

Au moment où Christian Petzold réfléchissait à la possibilité de faire un film sur Ondine, Christoph Hochhäusler lui a montré ces extraordinaires maquettes qui sont exposées au Stadtmuseum. « Berlin est une ville construite sur des marais, elle a pour ainsi dire asséché un monde pour devenir une grande ville. Et elle n’a pas de mythes propres, c’est une ville moderne, elle est le résultat d’une conception. En tant qu’ancienne ville de marchands, elle a toujours importé ses mythes. Et dans mon imagination, tous ces mythes, toutes ces histoires que les marchands voyageurs ont apportées ici se sont retrouvés, avec l’assèchement des marais, comme échoués sur un estran, et se sont lentement desséchées. En même temps, Berlin est une ville qui efface de plus en plus son histoire. Le Mur, qui donnait une identité à Berlin, a été démoli en un rien de temps. Ici, nous avons un rapport au passé et à l’histoire extrêmement brutal. Le Humboldt-Forum, lui aussi, est une destruction du passé parce que le Palais de la République fait partie de l’histoire de Berlin. Et j’ai pensé que tout cela, ces passés détruits, ces mythes résiduels, faisait partie intégrante de notre histoire d’Ondine. »

Une part importante du film se passe sous l’eau, avec des scènes empreintes d’une magie très particulière. Christian Petzold explique : « Dans le film Berlin Babylone d’Hubertus Sieger, qui raconte les transformations urbaines après la chute du Mur de Berlin, on voit des scaphandriers travailler dans les bassins sous le chantier de la Potsdamer Platz. Elle avait été la place la plus fréquentée d’Europe, presque un mythe, et voilà qu’on y construisait les bâtiments les plus affreux. J’avais beaucoup aimé ces images, avec ces scaphandres qui me rappelaient Jules Verne, avec ces ouvriers qui en quelque sorte dessoudaient un mythe. Ils travaillaient à la destruction d’un centre-ville qui s’était développé peu à peu et de manière organique, pour le remplacer par un nouveau centre qui ne s’est pas développé, qui est imposé d’en haut. On avait l’impression que des amateurs de trains miniatures devenus fous planifiaient une nouvelle Potsdamer Platz. Et sous la place, dans l’eau, on pouvait retrouver encore des restes de l’ancienne magie. Cela rappelle Jules Verne, cette aventure, ces gens qui soudent sous l’eau, dans une ville qui en fait avait sombré à cet endroit-là. »

Le lac d’Ondine n’est pas un lac enchanté au milieu d’une forêt, mais un lac de barrage, quelque part entre romantisme et industrialisation. Le lac où Christian Petzold et son équipe ont tourné est situé près de Wuppertal, dans la région où le cinéaste a grandi. « La Wupper est une rivière qui trace une frontière, c’est le Styx de l’ère industrielle. Thyssen est né là, c’était une petite forge au bord de la Wupper qui est devenue un conglomérat mondial en copiant ce qui était alors le meilleur acier du monde, l’« acier bleu » suisse, et en arrivant à le produire à moindre coût. Cette industrie avait besoin de beaucoup d’énergie, et c’est pourquoi des barrages ont été construits sur tous les affluents de la Wupper, pour l’énergie ou pour l’eau potable. Et parce que cette ère industrielle au début de laquelle ils ont été construits n’avait pas encore d’esthétique propre, ils ressemblent souvent à de vieilles églises. Il y a ces deux éléments à la fois : la retenue d’eau, l’énergie, et une vallée noyée dans laquelle se trouvait un village. Sous l’eau, il y a une vie mystérieuse et cachée, les vieilles histoires ; au-dessus il y a la modernité, l’acier, et tout cela dans le même espace. Et c’est aussi comme cela que j’ai voulu construire mon histoire : dans le même espace. »

Pour préparer les scènes sous l’eau, Christian Petzold a regardé beaucoup de films. Pour lui, le plus magique des films sous-marins est 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer. Il y a une scène où James Mason, qui joue le capitaine Nemo, enterre un mort sous l’eau avec des membres de son équipage, équipés de leurs lourds scaphandres, qui érigent une croix en coquillages. « Kirk Douglas et les autres terriens observent tout cela, et à ce moment-là ils sont pris eux aussi par la magie de ce monde sous-marin. Et je me suis dit : je voudrais qu’il en soit de même dans notre film : que nous nous retrouvions 20 000 lieues sous la mer, sous le Berlin actuel, sous le monde actuel avec ses maquettes et ses explications, ses rêves et ses destructions ; et que l’on puisse, l’espace d’un instant, ressentir l’origine de ces maquettes, l’origine de cette magie. »

Pour tourner les séquences sous l’eau, Christian Petzold a choisi les studios de Babelsberg, qui disposent d’un immense bassin. « Nous y avons construit tout un monde sub-aquatique avant de le mettre en eau, avec des porches, des plantes, un mur de barrage en pierres, la turbine… Il était essentiel pour moi que ce monde existe réellement et que nous n’ayons recours aux effets spéciaux numériques que pour les détails. La magie réside dans l’aspect tangible des choses, dans ce décor construit, de même que dans les maquettes de Berlin ailleurs dans le film. Lorsque Franz Rogowski et Paula Beer plongeaient, il fallait que tout soit réel, qu’ils puissent vraiment évoluer devant un mur de barrage et passer sous de vraies plantes pour entrer dans une grotte. Quant au silure, nous avons dû le faire en animation, on ne peut pas dresser un poisson. Mais avant de le faire, les gens des effets spéciaux sont venus passer cinq jours avec nous sur le tournage des scènes dans notre décor sub-aquatique réel. Cela leur a servi de référence pour l’animation numérique, qui était très complexe. Les effets spéciaux devaient s’intégrer à la magie du réel de notre monde sub-aquatique. »

Paula Beer et Franz Rogowski ont déjà joué pour Christian Petzold dans Transit. « Quand ils jouent ensemble, il y a une incroyable confiance physique entre eux. Je n’ai jamais vu ça à ce degré-là chez d’autres acteurs. Je ne sais pas d’où ça vient, chaque contact, chaque regard, tout est empreint de confiance et de respect, avec une disponibilité incroyable. On peut toujours tout discuter ensemble, avec les deux. Paula Beer est l’une des très rares actrices qui soit à la fois très jeune et capable d’exprimer des expériences que d’autres font seulement bien plus tard. Et les deux niveaux sont toujours présents en même temps, la jeunesse, le désir d’être jeune, et l’expérience de la vie. Quant à Franz Rogowski, c’est certainement l’acteur le plus physique d’Allemagne. De plus, très peu d’acteurs ont un regard comme le sien. Le côté physique de Franz réside aussi dans ce qu’il fait de ses mains, dans sa façon de toucher les choses des mains qui peuvent beaucoup. Avec lui, on a toujours l’impression qu’il appréhende le monde de manière physique, qu’il le désire.« 

«En s’attelant au mythe d’Ondine, Christian Petzold renouvelle son cinéma tout en étant fidèle à sa démarche stylistique et thématique. Figure emblématique de la mythologie grecque, Ondine a inspiré de nombreux écrivains, de Friedrich de La Motte-Fouqué (1811) à Jean Giraudoux (1939), en passant par Hans-Christian Andersen (La petite sirène, 1836) et Oscar Wilde (Le pêcheur et son âme, 1891). On pouvait être a priori surpris de voir Petzold tenter de s’approprier ce matériau, lui dont l’univers a toujours eu un ancrage réaliste et historique, avec pour toiles de fond le totalitarisme (Transit), le traumatisme de la déportation (Phoenix), ou le désir de liberté chez les habitants de la RDA (Barbara). Si le cinéaste s’adapte avec aisance à un cadre onirique, à l’orée du fantastique, il fait pourtant d’Ondine un personnage dont l’identité et l’activité se réfèrent à l’Allemagne d’aujourd’hui, et au rapport avec son passé…Ondine est une œuvre subtile, qui séduit par sa capacité à préserver des zones d’ombre, et confirme le talent de la lumineuse Paula Beer, que l’on avait découverte dans Frantz. Elle n’a pas volé le prix d’interprétation féminine qui lui fut décerné au Festival de Berlin 2020, où le film a également remporté le prix FIPRESCI.» (avoir-alire.com)

«…Dans Ondine, Christian Petzold exalte la présence et la beauté physique de Paula Beer et Franz Rogowski, captant l’évidence lumineuse dans l’union de ces deux êtres. Pour parachever son propos, Petzold développe un goût savant de l’ellipse, tel un courant contraire venant altérer le flux tranquille de ses amants. Il lui permet de renouer délicieusement avec le mythe, porté par l’adagio somptueux du concerto en ré mineur de J.S. Bach. En somme, l’ensemble de la composition tient du véritable raffinement.» (bande-a-part.fr)

«L’Allemand Christian Petzold s’empare du mythe d’Ondine pour en faire une variation sur l’amour absolu et signer un splendide mélodrame sentimental dans le Berlin contemporain. Une fable dont la poésie et le romanesque l’emportent sur l’atmosphère de froide étrangeté. Du mythe d’Ondine, nymphe des eaux qui condamne à mort l’homme qui a trahi son amour, on connaît les multiples variations. Celle de Christian Petzold lui a été directement inspirée par une nouvelle de la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann, Ondine s’en va. Le désespoir exprimé par cette créature mythologique face à l’inconstance des êtres humains a servi de point de départ à son scénario. Sauf que dans sa version, Ondine est une femme d’aujourd’hui qui se bat pour briser cette malédiction grâce à l’amour inconditionnel d’un homme. Le cinéaste allemand délaisse (presque) l’histoire et les traumas de son pays qui constituaient l’arrière-plan de ses derniers films (Transit, Phoenix et Barbara) pour renouer avec l’univers du conte – déjà exploré dans Fantômes (2005) – et faire de ce mythe une variation sur l’amour absolu dans un splendide mélodrame sentimental. Il emprunte nombre de ses codes, narratifs et esthétiques, au romantisme allemand tout en le transposant dans le Berlin contemporain…L’amour pur et dénué de tous faux-semblants que porte cet homme est, veut-elle croire, un puissant antidote au destin. Mais des forces obscures sont toujours à l’œuvre, qui menacent en permanence ce nouvel équilibre, rappelant à Ondine sa véritable nature. Le récit prend alors toute sa dimension de fable et sa licence poétique avec les évocations aquatiques de sa bande-son et ses très belles scènes de plongées dans un lac de barrage, peuplées de vestiges industriels, dont l’univers semble tout droit sorti de 20 000 lieues sous les mers, le film de Richard Fleischer dont Christian Petzold dit s’être inspiré.» (la-croix.fr)

«…Giraudoux a considérablement complexifié cette trame ancestrale dans sa pièce de 1939, et Christian Petzold, à l’écriture et à la caméra, la reprend, en lui donnant des directions nouvelles. Son adaptation entremêle réalisme et merveilleux au fil d’images somptueuses…Christian Petzold opte pour une interprétation du mythe plus positive que l’original, tout en en gardant la trame narrative. Il exalte un amour qui transcende la mort dans une dernière partie où s’invite une part de thriller, et où le merveilleux des origines reprend ses droits. Admirable.» (francetvinfo.fr)

«…Le long-métrage de Petzold est ainsi fait que l’Ondine de la fable, créature des eaux, et celle de la réalité forment définitivement une seule et même entité qui va et vient entre ses deux états avec beaucoup de crédibilité. Ondine est terriblement humaine et terriblement féérique en même temps. Lorsque, immédiatement à la suite de la rupture avec Johannes, Ondine rencontre Christoph dans des circonstances presque surréelles et magnifiques, elle se laisse emporter comme par une véritable lame de fond vers un coup de foudre intense, un amour impossible, puisqu’il est un humain, elle est – peut-être – un esprit.  On se laisse emporter par cette histoire. Christoph est un scaphandrier qui répare les piles des ponts, un partenaire idéal pour Ondine. La malédiction du crime semble oubliée. L’histoire d’amour est la plus forte, belle et douce, filmée superbement par le chef opérateur attitré du cinéaste, Hans Fromm. La fantasmagorie des scènes aquatiques ajoute encore de la magie à une histoire déjà onirique…L’image générale qui se dégage du film de Petzold, c’est une femme libre, indépendante, à la recherche d’un amour qui ne saurait l’aliéner, mais qu’elle souhaite cependant absolu. Paula Beer incarne tout cela avec énormément de justesse et de lumière, et Franz Rogowsky y fait écho avec beaucoup d’élégance…» (lemagducine.fr)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

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Entrée : 8 € (non adhérents), 6,50 € (adhérents). Adhésion : 20 € (5 € pour les étudiants) . Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier et à l’atelier Super 8. Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici


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