Vendredi 18 septembre 2009 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Enrique Rivero – Mexique – 2009 – 1h26 – vostf
Beto est le gardien d’une maison à Mexico, restée vide depuis plusieurs années, dans laquelle il a longtemps travaillé comme domestique. La solitude des dix dernières années, la monotonie et la routine de son travail l’ont incité à mener une vie recluse, qui pourrait sembler étouffante, mais lui fournit un environnement sûr et stable, contrairement au monde extérieur menaçant. Il a développé une crainte pathologique de l’extérieur, au point de limiter ses contacts à deux seules personnes : la propriétaire de la maison, pour qui il a un sentiment de gratitude et de respect profond qui se traduit par un lien d’obéissance ; et Lupe, une amie, à la fois sa confidente et maîtresse. La maison devant être vendue, Beto se demande s’il va à nouveau devoir se confronter au monde extérieur ou s’il va trouver une solution pour rester dans son isolement.
Sur le web
Parque Via a reçu la Montgolfière d’or 2008 au Festival des 3 Continents et le Léopard d’Or 2008 au Festival du Film de Locarno. Ce film, qui raconte la vie de Nolberto Coria (interprète de son propre rôle), mêle documentaire et fiction. Filmant en super-16 mm, le réalisateur Enrique Rivero (II) a voulu se rapprocher du format du documentaire afin de « mettre en image la beauté de la réalité« . Avant de réaliser ce premier court-métrage, le cinéaste a occupé la fonction d’assistant de production et d’assistant-réalisateur, notamment sur le tournage de La Influencia de Pedro Aguilera en 2007. Il a également réalisé deux courts métrages, dont le second tournait déjà autour de l’incapacité de l’homme à s’adapter au monde dans lequel il vit.
Bien qu’espagnol, le cinéaste avoue se sentir davantage mexicain et proche de ce « pays émergeant où les nouvelles technologies côtoient les vieilles traditions« : « Cela donne une vision des choses qu’il est difficile de retranscrire« , explique t-il. Si le film est sorti en Espagne et au Venezuela, il n’a pas été distribué au Mexique: « Je vais sûrement perdre tout l’argent que j’ai mis dans le film; mais je compte le distribuer moi même« , confie Enrique Rivero (II), fier de son travail et désireux de le mettre en avant.
Afin de montrer ce que peut ressentir Beto, le cinéaste a insisté sur l’atmosphère anxiogène qui enveloppe Mexico et qui est due selon lui essentiellement aux journaux télévisés comme « Primer Impacto » et aux journaux tels que « Esto » et « Alarma« : « L’histoire peut être considérée comme un article de ces journaux. J’ai voulu faire une fiction pour découvrir ce que peut ressentir une personne qui s’isole volontairement, en ayant une vie confortable et ritualisée. Et sa façon d’affronter le monde extérieur, plein de vie, de bruit, coloré,mais aussi dangereux et incertain« , explique t-il.
Proche d’Amat Escalante, autre talent du cinéma mexicain et réalisateur de Los Bastardos, Enrique Rivero (II) apprécie son travail et s’est ainsi souvent entouré des mêmes techniciens que lui. Sangre a selon lui beaucoup de similitudes avec Parque Via, dans son traitement de l’aliénation découlant de la solitude. « Une solitude rationnelle qui ne devient irrationnelle qu’avec les autres« , commente le cinéaste.
Basé sur la vie de Nolberto Coria, le film a été tourné dans la maison où l’acteur non-professionnel a travaillé, l’objectif étant de faire partager au spectateur son rythme de vie et ses sensations. Au début, l’acteur était un peu perdu et ne savait pas quoi exprimer, les scènes n’étant pas tournées dans l’ordre chronologique: « Mais il avait totale confiance en moi« , précise le réalisateur, qui a donc commencé par le filmer en train d’effectuer ses tâches quotidiennes, avant d’en arriver aux scènes demandant un effort d’interprétation. Les autres acteurs non-professionnels ont été choisis au hasard, comme par exemple le chauffeur de taxi qui était en réalité celui qui conduisait Enrique Rivero (II) lorsqu’il faisait ses repérages.
Désirant bien distinguer la maison et le monde extérieur, Enrique Rivero (II) a filmé les lieux en variant les mouvements de caméra. Si à l’intérieur, ceux-ci sont lents et filment des couleurs un peu délavées, à l’extérieur, la caméra est portée et les couleurs sont vives. Afin d’obtenir ce qu’il voulait, le cinéaste a choisi le directeur de la photographie espagnol Arnau Valls , « dont la sensibilité et le talent correspondaient tout à fait au projet »: « En tant qu’étranger, il avait de plus un oeil neuf et frais sur Mexico, qu’il ne connaissait pas« , rajoute t-il, satisfait.
N’ayant pas été élevé dans un milieu d’intellectuels, Enrique Rivero (II) a « rencontré » le cinéma à l’âge de 12 ans: « Je zappais, et soudain j’ai vu des images qui m’ont fait arrêté de zapper. C’était Les Fraises sauvages. Je suis allé au vidéo club louer ses films et ceux de Godard. Je passais mes matinées avec Bergman et mes après-midi avec Godard« , confie t-il. Admiratif des titres métaphoriques, ou plus directs et explicites de ces cinéastes, le réalisateur avoue avoir eu du mal à en trouver un pour son propre film qui le satisfasse.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Hervé Goitschel.
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