Vendredi 25 avril 2003 à 20h45
Film de Lee Chang-dong – Corée du Sud – 2002 – 2h10 -vostf
Par un bel après-midi de printemps, quelques amis pique-niquent pour célébrer leurs retrouvailles. Yongho, un invité inattendu dont ils étaient sans nouvelles depuis des années, fait alors son apparition. Mais celui-ci se comporte de manière étrange et paraît complètement déphasé. Il fuit le groupe et court vers des rails situés sur un pont adjacent. Un train arrive. Yongho ne bouge pas… Sa vie relatée en flash backs nous permet de comprendre les raisons de son geste.
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Peppermint Candy devait être le premier film de Lee Chang-dong. En effet, celui-ci souhaitait le tourner depuis plusieurs années, mais son entourage lui avait conseillé de commencer par un film plus simple. En 1997, Lee Chang-Dong a donc tourné un divertissement, Poisson vert, avant de se lancer en 1999 dans le projet plus ambitieux qu’est Peppermint Candy.
Peppermint candy aborde l’histoire de la Corée du Sud entre 1979 et 1999. Entre le premier pique-nique au bord de la rivière et celui qui clôt le film, vingt ans se sont écoulés et le pays est passé de la dictature militaire à la démocratie. En effet, en 1993, Kim Young-Sam arrive au pouvoir et met fin à plus d’une décennie d’oppression. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que ce film mémoire de la Corée du Sud de la fin du 20ème siècle soit sorti sur les écrans coréen le 1er janvier 2000 à minuit.
Peppermint Candy procède par flash-backs. Le récit commence en 1999, pour remonter jusqu’en 1979. Pour le tournage, le cinéaste a souhaité tourner les scènes dans cet ordre inversé et non pas dans l’ordre chronologique, afin que l’équipe soit dans la situation des personnages et des spectateurs, qui reconstituent peu à peu les pièces du puzzle.
«Tout Coréen qui se respecte sort de table en suçant un bonbon à la menthe. Un geste hygiénique et patriotique pour dissiper les relents du kimchi national, traditionnel chou mariné à l’ail et au piment qui fait l’objet de tant de moqueries racistes, notamment de la part des Japonais. Cet indispensable peppermint candy de camouflage, le cinéaste Lee Chang-dong le vomit rageusement. Cette manie de déguster des confiseries mentholées à qui mieux mieux lui rappelle une autre spécialité coréenne qu’il a en travers de la gorge : le culte de l’amnésie. Pour lui, il existe un arrière-goût plus difficile à effacer que la marinade aillée : celui de l’atroce époque de la dictature militaire de Chun Doo-hwan, dans les années 80. Construit à rebours, son film remonte vingt ans d’histoire de son pays. Il commence en 1999, année d’ouverture démocratique tant attendue, placée sous la houlette du président Kim Dae-jung, et s’achève en 1979, date de l’assassinat du dictateur Park Chung-hee, qui souleva un vent d’espoir vite éteint par la succession de son homme lige, le général Chun Doo-hwan. Nécessaire pour tout ressortissant d’outre-Pacifique, ce bref cours d’histoire n’est pas le propos de Peppermint Candy, qui creuse minutieusement l’intimité passée de Yongho, quadragénaire bourru et infantile, parcouru de bouffées délirantes et de regrets destructeurs. La scène d’ouverture montre sa crise la plus spectaculaire, la plus définitive aussi, puisqu’il s’agit de son suicide halluciné sous un train à grande vitesse. Dangereux olibrius oublié par ses amis, Yongho n’a pas été invité au pique-nique des anciens élèves de son lycée, qui se réunissent au bord d’une rivière, dans un canyon grisâtre et craquelé. Alors il s’incruste, et jette un sacré froid en hurlant des chants d’amour, avant de courir tout habillé dans l’eau saumâtre. Remuer la vase, secouer les esprits, ouvrir les yeux : Yongho n’a pas d’autre dessein. Il y parvient par la mort. Sa violente disparition condamne ses camarades d’école à un douloureux voyage intérieur. Inextricablement lié à celui de son pays, le destin de Yongho apparaît dans toute son horreur. Précautionneusement déroulée comme une bobine de fil barbelé, sa vie n’est qu’un épouvantable gâchis, dont Lee Chang-dong présente chaque épisode comme une succession de chances jamais saisies. Tour à tour fantôme ou guignol, victime ou bourreau, l’homme ne saura honorer ni son pays ni la femme de sa vie. Tels les cailloux du Petit Poucet, des bonbons à la menthe parsèment sa route. Glissés dans chaque lettre d’amour par la jeune fille qu’il aimait à l’adolescence, ils font aussi partie de son paquetage de bidasse, envoyé sur le front de la répression des manifestations étudiantes. Enfin, ce sont des madeleines de Proust qu’il enfourne dans la bouche d’une comateuse autrefois désirée… Jamais Yongho ne parvient à utiliser leurs pouvoirs rafraîchissants. Ces peppermint candies apparaissent plutôt comme des pastilles anesthésiantes, qui l’empêchent de goûter la beauté des choses. Lee Chang-dong le fait à sa place. A la fois contemplative et nerveuse, sa mise en scène met en lumière les instants de magie tragi-comique que Yongho n’a pas su savourer : des moustiques qui asticotent les corps nus pendant l’amour, un militaire qui croit patauger dans une flaque d’eau alors que sa botte se remplit de sang… Les spectateurs coréens ont fait un triomphe à cette pilule pourtant difficile à avaler à cause des tabous nationaux qu’elle tente de briser. Pour ses éclats de finesse et de vérité, pour son mélange de drôlerie et d’amertume, Peppermint Candy a aussi largement de quoi séduire le spectateur occidental.» (telerama.fr)
Les deux comédiens principaux Sol Kyung-Gu et So-Ri Moon sont également les héros du film suivant de Lee Chang-dong, Oasis, sorti en 2003.
En février 2003, Lee Chang-dong a été nommé Ministre de la Culture de Corée du Sud.
Bien que le réalisateur eût du mal à trouver des investisseurs, son film obtint un grand succès en Corée du Sud : 500.000 entrées (dont 300.000 à Séoul) sur seulement dix écrans. Le film, également apprécié à l’étranger, fut sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes en 2000 et reçut la même année trois récompenses, dont le Prix spécial du jury, au Festival de Karlovy Vary.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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