Le Roi des Singes contre le Palais Céleste



Dimanche 03 octobre 2004 à 14h30 – 2ième Festival  2004

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Animation  de Wan Lai-Ming – Chine – 1965 – 1h55 – vostf

Sun Wukong, le Roi des singes, règne sur la paisible montagne des fleurs et des fruits. Désireux de trouver une arme digne de lui, il se rend auprès du Roi Dragon des mers orientales qui accepte de lui céder la règle magique à dompter les flots s’il peut s’en saisir. Mais la règle soutient le palais qui s’écroule, et le Roi va demander vengeance à l’Empereur de Jade qui règne sur la cour céleste.

Sur le web

 » Tiré du roman médiéval « La Pérégrination vers l’Ouest » (alias Le voyage en occident, alias Le singe pèlerin), écrit par Wu Ch’eng-En au XVIème siècle, dont le personnage principal est Sun Wu-Kong, le roi des singes, ce dessin animé a été réalisé en deux parties, en 1961 puis 1964. Les deux parties ont été projetées ensemble en 1965 et le film est sorti en compétition officielle au festival de Locarno cette année-là. L’année suivante, cependant, est lancée la Révolution culturelle et les studios sont fermés. Les films d’animation sont considérés comme décadents et ceux déjà produits interdits. Ce n’est qu’en 1972 que la production de films d’animation repart timidement, pour des films de « propagande » du Grand Bond en avant. Le cinéma d’animation reprend un certain essor après 1977. Les anciens films ressortent. Le Roi des Singes passe alors au festival de Londres en 1978 et hors compétition au festival de Cannes en 1981, dans le cadre d’une rétrospective consacrée à la Chine. Enfin, 28 ans après sa sortie en Chine, le film sort dans les salles françaises le 15 juin 1983 et rencontre un succès autant critique que public. Mais, dans les années 1980 et jusqu’à leur mort, les frères Wan sont réduits au rôle de conseillers auprès du studio de Shanghai qui cherche ailleurs l’inspiration pour développer sa production. Le Roi des Singes bouleverse le Palais céleste marque l’apogée du cinéma d’animation de Shanghai. Cet art a ensuite périclité, et les techniques spécifiques qui avaient été développées à partir de l’art traditionnel chinois et en faisaient la richesse sont aujourd’hui perdues. Aujourd’hui, le cinéma d’animation chinois cherche à dépasser sa stagnation dans une imitation de ce qui se fait ailleurs. Il est révélateur que le studio de Shanghai n’ait rien trouvé de mieux que de sortir le film des frères Wan… en 3D, en trahissant l’œuvre originale non tant dans le dessin que, surtout, dans les couleurs : tout est net est tranché, et les nouvelles couleurs manquent cruellement de nuances, tirant le film vers l’animé type coréen, alors que les paysages brumeux du films initial semblaient presque préfigurer les forêts enchantées de Miyazaki. » (Brigitte Duzan)

Humoristique et satirique, ce long métrage est une adaptation réussie en tout point. D’une part, malgré son âge, l’animation est fluide et les dessins sont superbes ; les décors font penser à la peinture chinoise classique. D’autre part, la musique traditionnelle qui rappelle celle des théâtres et opéras chinois, s’adapte parfaitement aux différentes scènes bien qu’il faille s’y habituer un peu. On peut toutefois regretter le doublage français assez moyen. Soulignons que le titre français a orthographié le nom du singe Sun Wou Kong bien qu’il aurait été plus correct de l’écrire Sun Wu Kong.  Le Roi des Singes a été interdit pendant plus de dix ans en Chine. En effet, selon les gardes rouges, l’Empereur de Jade était considéré comme une caricature du président Mao ; le point commun physique entre les deux étant le bouton situé au niveau du menton. Présenté hors compétition au Festival de Cannes en 1981, ce long métrage est considéré par beaucoup comme un chef d’œuvre mondial de l’animation.

Wan Lai-Ming, le réalisateur de ce Roi des Singes, avait déjà mis en scène deux décennies plus tôt Son Wou Kong et ses compagnons, cela dans le premier long-métrage d’animation chinois La princesse à l’éventail de fer (1941) usant alors pleinement de la technique de la rotoscopie (La rotoscopie est la technique d’animation qui consiste à dessiner les contours, image par image, des silhouettes d’une séquence vidéo filmér en prise de vue réelle. Ce procédé permet de reproduire avec réalisme la dynamique des mouvements des sujets filmés. Parmi les classiques utilisant cette technique, on trouve Blanche-Neige et les sept nains (1937, Disney), la série Superman (1941-1942), Le seigneur des anneaux et Cool World (Ralph Bakshi, 1978 et 1992), Qui veut la peau de Roger Rabbit? (Zemeckis, 1988), Waking Life et Scanner Darkly (Richard Linklater, 2001-2006) et plusieurs autres classiques animés de Disney…)

Le personnage de Sun Wou Kong a donné lieu à un autre long métrage d’animation chinois en 1985, Le Roi des Singes démasque la Sorcière, réalisé par Te Wei, Yan Dingxian et Lin Wenxiao. Malgré une ambiance quelque peu différente, il y avait une certaine continuité avec l’œuvre de Wan Lai-Ming de par le charactère design de Sun Wou Kong.

Notons que les séries animées Saiyuki, Dragon Ball et Starzinger sont des libres adaptations de l’œuvre de Wou Tch’eng-En. On y retrouve en effet pour cette dernière, par exemple, un personnage (Sangoku/Sun Wu-Kong) avec une queue et un bâton magique sachant se déplacer sur les nuages et qui se verra accompagné par un cochon (Oolong/Zhu Bajie) et un autre personnage (Bulma/Le Prince) à la recherche d’objets sacrés (les boules de cristal/des manuscrits sacrés). Nombreuses sont les autres adaptations de ce personnage et de ce voyage au cinéma et à la télévision chinoise ou japonaise (animation ou live). On évoquera notamment pour terminer avec ceci, celle de l’illustre Osamu Tezuka qui reprendra à sa façon cette épopée en manga entre 1952 et 1959, pour ensuite lui donner la forme d’un film d’animation produit en 1960 par la Tôei.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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