Vendredi 18 Janvier 2019 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Courts-métrages de Thomas Chansou, Jacques Mitsch, Jean-Pierre Jeunet et Javier Fesser.
En présence des réalisateurs Thomas Chansou et Jacques Mitsch
Notre critique
par Bruno Precioso
Si nous avons un goût pour les films courts, dont nous avons aussi souvent que possible essayé de faire précéder nos longs, cette soirée hors format est presque notre coup d’essai, avec des longueurs très différentes puisque nous arpenterons des histoires de 7 à 39 minutes. Les sujets, les thèmes, les tons… rien n’obéit à quelque règle que ce soit. Gageons pourtant que vous saisirez un fil invisible courant d’un temps à l’autre de cette famille hétéroclyte. Le secret réseau qui interconnecte des films aussi différents que ceux que nous vous présentons ce soir porte un nom ; celui de Thomas Chansou. C’est à lui que nous avons proposé, après avoir découvert son film Charly est vivant – ce en quoi nos camarades de Regard Indépendant nous avaient devancés – de lui confier la programmation d’une soirée ; de cette carte blanche surgissent ces 4 courts qui accompagnent donc Charly, et son complice de cette soirée Jacques Mitsch.
On présente traditionnellement le parcours d’un réalisateur par ses courts-métrages ‘‘de jeunesse’’ ou ‘‘d’études’’, passage presque obligé avant d’accéder à un âge adulte du cinéma synonyme de long-métrage, d’accroissement des moyens, d’équipes plus étoffées et bien entendu de responsabilités plus pesantes. Or le court peut effectivement être cette forme momentanée dans une carrière débutante, mais force est de constater que l’économie du court est un monde en soi, avec l’énergie particulière que conserve intacte la forme ramassée, avec la souplesse de ses codes et sa grisante liberté – au moins en ce qui concerne les réalisateurs que nous rencontrons ce soir.
Jean-Pierre Jeunet, au moins pour certains de ses succès publics, nous est le plus familier et correspond le mieux à cette fonction du court : Foutaises (1989) arrive dans sa filmographie au terme d’une séquence de films publicitaires, de clips (pour Etienne Daho, Julien Clerc) et de courts d’animation avec Marc Caro qu’il a réalisés depuis la fin des années 1970. Avant 40 ans, dès 1991, il rencontre le succès en conservant l’univers et l’équipe avec laquelle il a fait ses armes : c’est Delicatessen, premier d’une série de longs qui en feront un réalisateur aussi connu qu’il était reconnu. A ce titre, Foutaises est un concentré du cinéma de Jeunet, de son plaisir de travailler avec certains acteurs et techniciens, de ses influences volontiers littéraires, de son goût pour l’absurde et la construction d’un univers décalé.
Le deuxième absent est un réalisateur espagnol, Javier Fesser, de 10 ans le cadet du précédent. L’homme, quoique discret, est loin d’être un inconnu puisqu’il représenta l’Espagne en 2007 aux Oscars. Pourtant né dans une famille d’artistes, le madrilène formé à la communication a tardé avant de se risquer au cinéma (si l’on excepte ses débuts en Super 8 dans les années 1980) : il préfère consacrer sa précocité à fonder, à 22 ans, une maison de production spécialisée dans la publicité, et attend d’avoir dépassé 30 ans pour tenter la réalisation cinématographique. Il sera successivement – et de plus en plus souvent simultanément à mesure que sa carrière avance – réalisateur, scénariste, monteur, et même producteur de son dernier film (Campeones, 2018). El secdleto de la tlompeta, le film choisi ce soir est le deuxième de ses 8 films, le premier (Aquel ritmillo, tourné également en 1995) ayant remporté le Goya du meilleur court-métrage.
Avec Jacques Mitsch, c’est l’hybridation des genres en même temps que la remise en question de leurs délimitations mêmes qui s’imposent : alors qu’on distingue traditionnellement le monde du documentaire et celui de la fiction, il réalise à la fois des téléfilms et documentaires pour la télévision, mais s’ouvre dans ses courts-métrages des issues inattendues où l’idée même de fiction s’avère bien fragile pour rendre compte du type d’expérimentations auquel il s’adonne. Ses films courts ont de fait reçu de multiples récompenses dans les festivals de court-métrage, notamment 4 prix au festival de Clermont-Ferrand. Avec Jacques Mitsch, c’est la fantaisie qui s’installe aux commandes de la création.
Thomas Chansou, né en 1976, réalisateur donc de Charly est vivant, porte lui aussi cette dualité inattendue entre le sérieux d’un travail de réalisation adressée aux entreprises, et une échappée autobiographique à la fois lucide et intime, absolument libre. Il pose en sa qualité de benjamin de la sélection – de sa sélection serait plus exact – un regard résolument personnel et décalé sur une situation qui à un autre offrirait aisément un sujet tragique. C’est dans ce choix peut-être, dans le désir d’affronter la maladie et le handicap avec la force de la vie et de l’humour, que réside l’esprit même de cette sélection.
Sur le Web
Charly est vivant (Thomas Chansou, France, 2018, 8 min.)
« Dans les années 80 et 90, un gars chauve c’était un malade, un facho d’un mètre quatre-vingt-cinq avec un bombers ou un fan de Kojak… Moi on m’a classé dans la catégorie « malade ». Et peu importe ma souffrance, on m’insultait et on se moquait de moi. »

Charly est vivant est un court métrage qui traite sur un ton libre et décalé du rapport à la maladie. Charly Blast, atteint d’une leucémie à l’âge de six ans, cherche
depuis trente-cinq ans à vivre sa vie comme tout le monde. C’est sans compter sur le sort qui s’acharne sur lui. Pour avancer, il doit faire face aux effets des traitements, au discours médical et au regard des autres. Pas simple…

Qui est Charly Blast ? Cette histoire, c’est celle de Thomas Chansou, le réalisateur. Atteint d’une leucémie à l’âge de 6 ans et greffé à l’âge de 12 ans, Thomas Chansou est resté chauve, stérile, avec une hépatite C post-transfusionnelle, des tumeurs et des lésions cérébrales liées à la radiothérapie qui lui provoquent quotidiennement des crises d’épilepsie, des troubles amnésiques… ainsi que des déficiences physiques. C’est avec son vécu et sa réelle expérience de patient qu’il s’exprime librement sur le sujet en nous livrant un récit « vu de l’intérieur ».

Le ton alterne entre l’humour, le cynisme, le décalé et la poésie, mais sans jamais manquer de respect aux personnes atteintes de pathologies lourdes, il s’agit ici de son propre regard sur la maladie, telle qu’il la vit et la ressent.Un témoignage artistique qui peut se rapprocher de films et d’œuvres littéraires tels que Quand j’avais 6 ans j’ai tué un dragon (Bruno Romy), Où on va, Papa ? (Jean-Louis Fournier), ou encore Le journal d’un vampire en pyjama (Mathias Malzieu). Et parce que le réalisateur se sent parfois comme un être bricolé et rafistolé par la science et la médecine, ce film insert des extraits de films d’horreur et de science fiction des années 20, 30 et 40 pour illustrer ses pensées et sentiments.

Face caméra et en voix off, Thomas Chansou témoigne de son parcours médical et ses impacts sur la vie de tous les jours. Différents séquences viennent illustrer ses propos, avec des images d’archives, des analyses et bilans médicaux, des dessins… Et parce que le réalisateur se sent parfois comme un être bricolé et rafistolé par la science et la médecine, ce film insert des extraits de films d’horreur et de science fiction des années 20, 30 et 40 pour illustrer ses pensées et sentiments. Charly est vivant fait de nombreuses références à la musique, au cinéma et notamment aux courts-métrages Foutaises (Jean-Pierre Jeunet), Omnibus (Sam Karmann), El Secdleto de la Tlompeta (Javier Fesser), Le petit frère d’Huguette (Jacques Mitsch)… Le format 4:3 de Charly est vivant correspond à l’esprit de portait, de témoignage et de journal intime en utilisant des cadres assez serrés. Avec une image qui alterne entre la prise de vue reportage et des plans plus cinématographiques, le noir et blanc de ce film conforte cette idée de portrait. Mais cette image n’a rien de nostalgique et ne cherche pas à « imiter le passé« , mais plutôt à trouver une esthétique en harmonie avec ce documentaire intemporel qui bascule sans cesse entre le passé et le présent qui ne font plus qu’un (de la découverte de la leucémie en 1983 aux effets secondaires des traitements et leurs répercutions actuelles).
Le petit frère d’Huguette (Jacques Mitsch, France, 1998, 18 min.)

Francis et Thérèse tiennent un café près de la gare d’une petite ville. Il y a aussi Alexandre, le serveur, et Huguette, la bonne à tout faire. Un jour, Huguette apprend l’arrivée de son petit frère. Catastrophe : elle lui a toujours fait croire qu’elle était la patronne.

Le court métrage hésite souvent entre tentation d’en sortir rapidement (galop d’essai avant le long métrage) ou d’y rester sans trop d’audace. Jacques Mitsch n’appartient à aucune de ces catégories. « Courtmétragiste » à part entière, il a à son actif ce que l’on appelle une oeuvre, essentiellement ancrée dans sa région Midi-Pyrénées, et son dernier opus, Le petit frère d’Huguette est un petit bijou enchâssé dans une bonne distance. Huguette est serveuse dans un bar d’un coin perdu, genre Cosette dont les Thénardier seraient un rougeaud patron chasseur au physique jauressien et sa femme une permanentée de province. La suite de l’histoire est simple: Huguette a fait croire à son frère éloigné qu’elle était la reine des lieux. Tout bascule quand ce dernier lui annonce son arrivée l’après-midi même. Comme disait Lénine: « Que faire? »
Le manque de moyen inhérent à ce type de films allié à une lacune d’imagination pourraient aboutir à un pauvre résultat. Eh bien, non. dès les premières images on sait le bon moment à venir. Tout réside dans l’écriture, le choix de focale (au grand angle) qui accentue le non-réalisme du propos, le jeu d’acteurs et le montage, bref, du travail de cinéaste. Mitsch mélange décors réels et interpellation impromptue de la caméra, donc du public, par les acteurs (on notera la prestation de Serge Regourd juriste et combattant de l’exception culturelle en cheminot délégué CGT adepte du ballon Ä de rouge), et intervention à la Brassens d’un trio de musiciens au regard de poisson mort. La fable moraliste sur le mensonge est dynamitée par un ton de farce qui tourne au loufoque. Effet garanti. (humanite.fr)
Le mammouth Pobalsky (Jacques Mitsch, France, 2007, 39 min.)

Pierre Victor Bouvier, explorateur, débarque en Oubalski, pays de Sibérie Orientale, à la recherche d’un mammouth laineux congelé.

Grosses vestes à longs poils, bottes fourrées et tenues largement inspirées de l’Europe de l’Est, ils ont de drôles de dégaines, ces montagnards que l’on peut croiser depuis hier dans les neiges de la vallée d’Aspe. Leur langue étrangement incompréhensible et familière dit bien que ce ne sont pas des autochtones. En fait ces «Oulbaskes» sont tout droit sortis de l’imagination du réalisateur toulousain Jacques Mistch, qui tourne ici son nouveau film de fiction Le mammouth Pobalski, un moyen métrage écrit en collaboration avec Jean-Marc Brisset (de la troupe théâtrale toulousaine «3 BC Compagnie»). C’est à Moscou, il y a quatre ans, alors qu’il réalisait pour Arte son documentaire sur la «Cryptozoologie» que Jacques Mitsch a eu l’idée de son personnage : «une sorte d’Indiana Jones, explique-t-il, mais qui rate tout ce qu’il fait. C’est un explorateur qui trouve un mammouth congelé en Oubalski, un pays imaginaire situé près de la Sibérie. Ce sera un vrai film du sud poursuit le réalisateur : toute l’équipe, acteurs et techniciens sont toulousains».

Et il s’agit cette fois d’une «grosse» production : vingt cinq personne dans l’équipe technique dont deux assistants, onze comédiens professionnels au générique (parmi lesquels Elsa Berger, Jean-Pierre Beauredon, Pierre-Maurice Nouvel, Muriel Benazéraf autour de Roger Souza), de nombreux figurants, 116 costumes, un mammouth de 2m50 de hauteur et une langue entièrement inventée, en particulier pour des chansons dont Gilles Carle a signé la musique. Préacheté par Canal + Le mammouth Pobalski est une première pour Jacques Mitsch : «Nous produisons tout nous mêmes, (avec K.Productions dont il est un des responsables) alors bien sûr, c’est beaucoup moins cher que si nous avions fait venir les choses de Paris. C’est la première fois que je tourne une fiction dans des conditions pareilles, totalement professionnelles, je dirais même luxueuses par rapport à d’habitude. Mais c’est aussi c’est très lourd parce que nous n’avons que 15 jours de tournage.» On devrait retrouver dans Le mammouth Pobalski tout l’humour décalé de Jacques Mitsch et cet univers de poésie burlesque délicieusement rétro qui avaient fait le succès de ses films précédents, comme Le petit frère d’Huguett ou L’histoire du gendarme à la retraite».

Même s’il est parti travailler à Paris il y a déjà un bon moment, Roger Souza n’en a pas moins gardé avec entêtement son accent que l’on retrouve toujours avec plaisir quand on le voit au cinéma ou à la télévision.»Je crois qu’il y avait un peu de paresse au départ, explique-t-il, mais aussi ça m’a agacé quand je prenais des cours qu’on veuille me faire parler comme à Paris. Et puis j’ai vite compris que ce n’était pas l’accent qui faisait l’acteur. Roger Souza est aujourd’hui l’interprète principal du Mammouth Pobalski et ça le ravit : «Je n’ai pas eu jusqu’ici beaucoup l’occasion de venir travailler dans la région, parce que peu de productions se tournent à Toulouse. Je crois que la dernière fois que j’y ai travaillé c’était dans le film que je m’étais écrit, «Si la Garonne avait voulu». Mais les choses sont en train de changer, plusieurs réalisateurs de la région ont pensé à moi : j’ai fait le film d’Yves Caumon Amour d’enfance et je vais faire le prochain d’Alain Guiraudie. Je suis aussi en contact Jean Périssé qui prépare un projet autour de Chateaubriand, dans les Pyrénées». (ladepeche.fr)
Foutaises (Jean-Pierre Jeunet, France, 1989, 8 min.)

Au cœur d’un univers enfantin et poétique, le film tente de tracer le portrait d’un homme à travers la mise en scène de son monde intérieur. Ainsi, tout au long d’une succession de vignettes illustrant ses goûts et ses dégoûts, se dévoile l’imaginaire de ce personnage fait de souvenirs d’enfance et d’impressions saisies dans les replis de sa vie quotidienne.

Annonciateur du succès planétaire d’Amélie Poulain, Foutaises est un des nombreux courts métrages de Jean-Pierre Jeunet aussi touchant qu’intime et dans lequel l’absurde et le merveilleux sont au rendez-vous. La trame ? Un Dominique Pinon, simple, enfantin presque espiègle, s’adressant à nous face à la caméra, comme s’il s’agissait d’un tête à tête privé, afin d’évoquer et de partager ses j’aime et ses je n’aime pas.
Réalisé en 1990, cet amusant et naïf court métrage en noir et blanc fonctionne à la manière d’un autoportrait d’un homme, de ses goûts et de ses souvenirs. Renvoyant aux 486 souvenirs d’enfance énumérés dans Je me souviens de Georges Perec, Foutaises nous plonge ainsi dans un univers fantaisiste fait de petites joies passées et de souvenirs enfantins lointains qui parlent à plus d’un. «Quand j’étais gosse, j’aimais l’odeur du pain grillé le matin, du plastique à recouvrir les livres à la rentrée et puis les p’tits pots de colle blanche à l’école. J’aimais prendre les Escalators dans le mauvais sens, dérouler la toile cirée et fouler la neige immaculée…»

Mais Foutaises, ça n’est pas que ça. C’est aussi un court métrage à l’esthétique émouvante et poétique. S’appuyant à la fois sur le genre comique, burlesque et expressionniste, le film s’articule avec plusieurs gros plans du visage librement et volontairement grimacier de Dominique Pinon, des petites scénettes drolatiques rythmées par des sons cocasses et un enchaînement hâtif ou plus lent d’images rétro soigneusement sélectionnées. Et le tout, accompagné par quelques notes de piano savamment composées par Carlos d’Alessio… (culturezvous.com)
Lorsque l’on considère la petite histoire du court métrage français, Foutaises apparaît comme le film emblématique des années 80, non seulement par la nouveauté du langage cinématographique inventé par Jean-Pierre Jeunet, mais également grâce à la richesse du film lui-même, dont la construction offre plusieurs niveaux de lecture. D’un point de vue purement formel, le film renvoie, par sa construction, à un certain nombre de références littéraires, dont la plus évidente est sans doute l’inventaire des 486 souvenirs d’enfance, énumérés avec autant de méthode que de poésie par Georges Pérec dans son livre Je me souviens. Au-delà même du simple exercice de style, le formalisme rigoureux auquel se plie Jean-Pierre Jeunet n’est pas non plus sans rappeler les expérimentations dialectiques de certains linguistes, dont la démarche consistait à créer des œuvres littéraires à partir d’un cadre formel préétabli (Roland Barthes par exemple, avait employé ce procédé dans un texte utilisant à l’instar de Foutaises la formule binaire “ j’aime/je n’aime pas ”).

Pourtant, l’atmosphère à la fois fantaisiste et foisonnante de Foutaises n’a rien de véritablement conceptuelle, bien au contraire, la démarche de Jean-Pierre Jeunet privilégie la spontanéité et consiste plutôt à recréer, à travers les différentes images suggérées par son personnage, un univers sensible souvent très concret. En effet, les séquences illustrant les souvenirs du narrateur ne cessent de faire appel aux sens tels que l’ouïe (le rire de Richard Widmark, la comptine sur Thierry la Fronde), l’odorat (le pain grillé, la colle blanche), le goût (le jaune d’œuf, le jambon, les petits beurre) ou le toucher (dérouler la toile cirée, fouler la neige immaculée). La vue elle-même est sans cesse sollicitée par l’enchaînement presque hypnotique des images.
Mais avant tout, par cette force suggestive, le film parvient à faire resurgir chez le spectateur, des impressions peut-être oubliées et enfouies dans une forme d’inconscient collectif, comparables à l’émotion de la Madeleine de Proust, ou aux Tropismes de Nathalie Sarraute, c’est-à-dire “ ces imperceptibles mouvements de l’âme ”, aussi furtifs qu’insaisissables. Quoiqu’il en soit, il est certain que Jean-Pierre Jeunet n’a pas consciemment élaboré son film à partir de telles références, car son propos est à la fois plus humble et plus universel. En effet, Foutaises n’est à aucun moment un exercice spéculatif. Il prend plutôt la forme d’un regard nostalgique sur l’enfance, celle du narrateur naturellement, mais également, en écho, celle du spectateur, c’est-à-dire l’image d’un monde fait de sensations brutes (les choses sont perçues d’une manière primaire – “ j’aime/j’aime pas ” – sans qu’il n’y ait jamais une quelconque justification). On pourrait même évoquer une forme de régression, au sens poétique du terme, face à ce narrateur au visage burlesque – mi-homme, mi-clown – difficile à replacer dans le monde réel, et devenant peu à peu insaisissable, à l’instar des images surannées qu’il fait naître (les décors rappelant les années 50 avec les congés payés, les départs en vacances, les dimanches en famille, etc.). Tout un monde d’inconscience et de naïveté, que dans la solitude de sa chambre, il semble vouloir retrouver.

Ainsi, la présence des souvenirs et la force des images parviennent véritablement à plonger le spectateur au cœur de cette indicible mémoire collective, mêlant les clichés nostalgiques tels que les personnages de bandes dessinées, les jeux d’enfants, mais aussi, et surtout, le cinéma. Une évocation alors si puissante que les acteurs s’emparent tout à coup du dialogue, reprenant la ronde des “ j’aime/j’aime pas ”, comme s’ils prenaient vie devant les yeux d’un enfant. Sans doute plus qu’un hommage, cette dernière séquence devient un véritable acte de foi de la part du réalisateur envers cet art, qui prend métaphoriquement le contrôle de l’histoire. (transmettrelecinema.com)
El secdleto de la tlompeta (Javier Fesser, Espagne, 1995, 18 min.)

Présentation du film et animation du débat avec le public : Bruno Precioso
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