Sweet sixteen



Vendredi 24 janvier 2003 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Ken Loach – Royaume-Uni – 2002 – 1h46 – vostf – Interdit aux moins de 12 ans

Dans quelques jours, Liam aura seize ans. Jean, sa mère qui est en prison, doit être libérée à temps pour l’anniversaire de son fils. Liam rêve d’une famille comme il n’en a jamais eue et redoute l’influence de son grand-père, comme celle de Stan, le compagnon de Jean. Il veut un foyer, un endroit sûr pour sa mère, sa soeur Chantelle et lui-même. Encore faut-il trouver de l’argent et, pour un adolescent sans le sou, ce n’est pas une mince affaire. Avec ses amis, Liam monte quelques combines, mais les ennuis ne vont pas tarder à commencer…

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«Sweet sixteen nous raconte l’ascension d’un gamin qui n’a d’autre rêve que de combler sa mère toxicomane, Jean, qu’il idéalise avec la ferveur d’un enfant privé d’amour. Naïvement, Liam croit pouvoir acheter le bonheur d’une vie familiale. Persuadé que l’argent peut tout, il est prêt à faire n’importe quoi pour s’enrichir. De petits délits en véritables crimes, Liam se retrouve vite engagé dans une spirale infernale, qui exhale d’abord comme un parfum de réussite. Si le film connaît par la suite une légère baisse de régime, cet engrenage inexorable se construit d’une manière très intense (c’est sans doute ce qui a valu à Sweet Sixteen le prix du scénario au Festival de Cannes). Tout semble facile pour Liam : il engrange rapidement beaucoup d’argent et devient même un dealer respecté. Mais il ne se rend pas compte qu’il est en train de tout perdre. En même temps qu’il accumule les signes extérieurs de richesses, Liam se laisse aller à une violence toujours plus enragée. Ses seize ans ne seront pas si tendres. Sweet sixteen s’inscrit dans la galerie de portraits des exclus du système libéral esquissés par Ken Loach. Loin du lyrisme de Raining stones, il n’en est pas moins touchant, et l’histoire, profondément humaine, sonne toujours juste.» (avoir-alire.com)

Le scénariste Paul Laverty raconte à propos de la genèse du film : « L’idée de Sweet sixteen doit remonter à l’écriture de My Name is Joe. Quand on imagine un scénario, il y a souvent plein de personnages qui attirent votre attention, et qui pour prendre plus de place dans l’histoire vous crient : Moi, m’sieur! Moi,m’sieur! ». On ne peut pas leur donner plus d’importance à tous, le scénario deviendrait trop lourd et le film ne le supporterait pas. Pourtant, il y avait pendant My Name is Joe un personnage que nous n’arrivions pas à abandonner et qui se rappelait toujours à notre souvenir. Il réclamait notre attention. C’est cette petite voix-là qui est devenue le personnage de Liam.« 

Le réalisateur Ken Loach et le scénariste Paul Laverty n’en sont pas à leur première collaboration. Ils ont travaillé précédemment ensemble sur Carla’s Song, My name is Joe et Bread and Roses. Le scénariste tenait par ailleurs un petit rôle dans Land and Freedom de Loach.

«Depuis Kes, en 1969, il pleut toujours des pierres sur le cinéma de Ken Loach, qui installe son nouvel opus sur le même territoire sinistré, entre misère et béton pur, horizon bouché à la Riff-Raff ou My name is Joe.
Liam a bientôt 16 ans, une jolie caboche gouailleuse déjà marquée d’enfant trop vieux pour son âge et une famille dévastée. Maman en prison, beau-père dealer, minable et brutal, soeur à peine sortie de l’adolescence et déjà mère, qui tente de s’en sortir toute seule. Vif et futé, Liam est lui aussi obsédé par la reconquête d’un foyer, et surtout de cette mère flottante, absente, paumée, qui a tout lâché depuis longtemps. Cet amour inconditionnel pour une ombre de femme, cet oedipe mal taillé, trop grand, trop large, que le beau-père se charge de soigner à coups de poing, est au coeur du récit, moteur furieux et emballé d’une course éperdue, perdue d’avance. Pour sa mère, pour lui bricoler un avenir, lui trouver un peu d’argent, un toit, Liam est prêt à tout, même à se frotter aux truands du voisinage, même à risquer sa fragile existence.
Ainsi réduite à ces quelques repères, l’histoire de Liam pourrait faire croire à un mauvais mélo, à une geste prolo d’une caricaturale noirceur. C’est tout le contraire. La chronique, intime et sociale, est douloureuse, violente, mais rythmée, souvent drôle, comme une chanson réaliste qui prendrait sa source et sa force dans chaque respiration. Prix du scénario à Cannes, le film renverse ironiquement l’idéologie américaine du « qui veut peut ». Liam a le désir passionné de s’en sortir, de réussir, et toute cette belle énergie positive le mène droit à sa perte, dans les bras des trafiquants de drogue du quartier. Si le constat est amer, il ne tourne jamais à la démonstration pesante. Même coincée dans le béton, même au fond des foyers minables pour semi-délinquants juvéniles et au matin de mauvais coups qui laissent la gueule en sang, la vie reprend rageusement ses droits, dans un sourire, une insulte bien sentie en sabir écossais (le genre qui a valu au film une interdiction aux moins de 18 ans en Angleterre !) ou l’esquisse d’un geste tendre.
Filmé, comme toujours chez Ken Loach, à distance respectueuse, dans un style quasi documentaire, l’adolescent mène sa quête désespérée avec une intensité rare. Dans ce procédé désormais familier, Martin Compston est la vraie originalité, la révélation, le principe d’étrangeté, trésor de naïveté et d’espoir scellé par le réel. Dents serrées, poings fermés, le jeune comédien sait donner une lumière, une vivacité exceptionnelles à son personnage. Gosse perdu, voyou, ni l’un ni l’autre, petit prince abîmé, il compose avec ses partenaires, mélange de comédiens professionnels et d’habitants du cru, comme il est de coutume chez Ken Loach, une réussite sobrement poignante» (telerama.fr)

Les comédiens de ce film sont en partie des amateurs comme Martin Compston qui a été repéré dans son lycée ou encore Michelle Coulter, qui a travaillé avant le film dans des structures d’aide aux toxicomanes. D’autres sont des professionnels comme la jeune Annmarie Fulton, titulaire d’un diplôme d’art dramatique ou Gary McCormack, vedette de la télévision britannique et qui a joué dans Gangs of New York.

Le film a été tourné en Ecosse à Greenock et Port Glasgow, deux villes sinistrées qui employaient autrefois énormément d’ouvriers dans les constructions navales. Aujourd’hui la population ne cesse de décroître et comme dans le reste de l’Ecosse, la proportion d’enfants victimes de violence, de parents mineurs et d’adolescents renvoyés de leur établissement scolaire est l’une des plus fortes de Grande Bretagne. L’Ecosse compte également le plus fort pourcentage d’enfants vivant en-dessous du seuil de pauvreté de toute l’Union Européenne.

Portrait réaliste et sans concession de jeunes défavorisés quasiment livrés à eux-mêmes, le film a été interdit en Grande-Bretagne aux moins de 18 ans pour son langage ordurier. Montant au créneau, Ken Loach déplore cette politique de l’autruche qui, sous couvert de la bienséance, empêche les premiers concernés de voir leur propre monde : « Regardez l’incroyable ghetto dans lequel certains enfants sont rejetés et on dit aux autres enfants de ne pas les regarder à cause de leur langage ! Les gens qui jouent dans le film ne pourront même pas le voir. C’est n’importe quoi !« 

Sweet sixteen a été présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2002 et a obtenu le Prix du scénario. Ken Loach est un habitué de la Croisette : il y a emporté un Prix du cinéma contemporain en 1981 avec Regards et sourires et deux Prix du jury avec Hidden Agenda en 1990 et Raining Stones en 1993.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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