The Hunter



Vendredi 07 avril 2011 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Films  de Raffi Pitts – Iran – 2010 – 1h32 – vostf

Téhéran 2009, Ali récemment libéré de prison est veilleur de nuit dans une usine. Il vit à contretemps de sa femme et sa fille. Lorsqu’elles disparaissent dans les émeutes qui secouent la ville, Ali devient le chasseur, poursuivant froidement de sa haine un ennemi insaisissable, caché au cœur des villes aussi bien qu’en lui même.

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Tourné en Iran, The Hunter a pu se soustraire par miracle à la censure (extrêmement virulente) du pays, dont il critique pourtant le régime avec force. Rafi Pitts a profité des troubles causés par les élections de 2009 pour réaliser son projet, qui est ainsi devenu le film le plus controversé du moment dans le pays. Il est utile de rappeler que l’Iran, dont 70 % de la population a moins de 30 ans, est le pays où la peine de mort est la plus appliquée, et où la presse et les réseaux internet sont le plus contrôlés. Le cinéma n’échappe généralement pas à la règle.

Six mois ont été nécessaires à la production du film pour obtenir l’autorisation de tourner en Iran (Rafi Pitts tenait à ce que le film puisse être vu dans son pays). Le bureau de censure a finalement accepté de signer l’autorisation, sur laquelle figuraient les noms du réalisateur, du producteur, du chef opérateur et des acteurs principaux. L’équipe du film n’ayant toutefois pas obtenu d’autorisation de la police, le tournage, qui devait initialement être terminé en 35 jours, a essuyé de nombreux retards, et a finalement duré quatre mois. Les cinéastes ont ainsi dû se débrouiller avec les moyens du bord, et les membres de l’équipe, solidaires du projet, ont accepté d’être payés à la journée.

Ali, le personnage principal du film, devait à l’origine être interprété par un acteur professionnel. Celui-ci est arrivé sur le tournage avec six heures de retard le premier jour, et Rafi Pitts s’est alors vu contraint (par la production) à trouver un acteur de remplacement. Pour éviter de repasser par l’interminable procédure du bureau de censure et perdre à nouveau un temps précieux, le réalisateur, pour la première fois de sa carrière, s’est alors résolu à endosser lui-même le rôle de son personnage principal. « (…) de peur que le film ne se fasse pas et parce que mon nom était déjà sur la liste validée par la censure, je me suis décidé à passer aussi devant la caméra en me disant que, même ratée à cause de ce choix obligé, au moins l’histoire que je voulais raconter existerait« , raconte le cinéaste.

Rafi Pitts a puisé dans ses propres souvenirs tragiques pour écrire le scénario du film et pour interpréter le personnage d’Ali. Cette démarche, visant à donner au film encore plus d’authenticité, a cependant été douloureuse pour le cinéaste. Pour ce qui est de l’aspect inquiet et troublé d’Ali, le réalisateur-acteur n’a même pas eu besoin de jouer, car les conditions stressantes du tournage et la présence continuelle d’une personne de la censure sur le plateau le mettaient dans un état de tension semblable à celui de son personnage.

Selon Rafi Pitts, la dimension politique de The Hunter a été dans un certain sens indirectement causée par la censure iranienne : « Si l’autorisation de tournage avait été délivrée plus tôt, le film aurait été commencé et terminé plus tôt, fini avant les élections (…) et les manifestations qui ont suivi, avant les émeutes. (…). Au lieu d’être séparés, événements et tournage sont devenus synchrones si bien que, forcément ou naturellement, quelque chose de l’événement passe dans le film (…)« .

Rafi Pitts souhaitait initialement tourner deux films à partir du scénario de The Hunter, l’un à Téhéran et l’autre à Los Angeles, deux villes aux structures relativement similaires, au point que les Iraniens surnomment parfois leur capitale « Téhérangeles« . Le but du cinéaste était de tourner les deux films en miroir et de les sortir en salle le même jour. »(…) c’était une façon d’ouvrir un dialogue entre populations, de provoquer chacun par-delà son territoire. Il y aurait eu d’un côté les émeutes sanglantes, de l’autre la mort d’une femme et de son enfant qui traversaient la frontière mexicaine. (…) Mais c’était trop compliqué de faire les deux films« , explique le réalisateur.

C’est à Berlin, pendant qu’il présentait le premier montage de son film à ses producteurs allemands, que Rafi Pitts a appris la répression de la révolution verte en Iran, impliquant le maintien au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad. Le cinéaste a alors recueilli des pistes sonores enregistrées par des témoins de l’évènement et les a intégrées à son film.

En plus de sa dénonciation du gouvernement iranien dans The Hunter, Rafi Pitts a également adressé une lettre ouverte au régime de Mahmoud Ahmadinejad. Il a ainsi questionné ce dernier sur la situation du cinéma iranien en général, et sur le sort de ses compatriotes Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof (tous deux emprisonnés par le gouvernement pour avoir tourné des films que ce dernier désapprouvait). Le réalisateur, désormais dans l’impossibilité de tourner en Iran, souhaite ainsi dénoncer devant les autres pays le sort que l’on réserve à la liberté d’expression dans le sien.

The Hunter a été présenté en Compétition du Festival International du Film de Berlin en 2010 et est le cinquième long métrage réalisé par Rafi Pitts, à qui l’on doit notamment Sanam (2000) ou encore C’est l’hiver (2006).


Présentation du film et animation du débat avec le public : Teresa Maffeis (ADN) et Philippe Serve (CSF).

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

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La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
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