The Last Show



Vendredi 12 janvier 2007 à 20h15

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Un film de Robert Altman – USA – 2006 – 1h40 – vostf

Un samedi soir pluvieux à Saint Paul, la foule se presse au Fitzgerald Theater pour assister au show radiophonique hebdomadaire « A Prairie Home Companion ». Depuis 30 ans, ses vedettes, ses joyeuses fausses réclames et ses amuseurs rétro ont atteint la gloire et survivent au règne de la télévision. La station de radio vient d’être vendue à un groupe texan. Ce show est peut-être le dernier mais le spectacle doit continuer.

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The Last show a été présenté en 2006 en Sélection officielle, en compétition, au Festival de Berlin.

« J’avais toujours eu envie d’écrire une pièce ou un film, dit-il. C’est un peu ce que je fais déjà à la radio, mais le problème dans mon émission, c’est que j’écris toujours pour moi, or je ne suis pas du tout comédien;. Je voulais écrire un scénario que de vrais acteurs s’approprient« , explique Garrison Keillor. C’est l’avocat de Robert Altman, qui connaissait un des amis de l’homme de radio, qui a parlé de ce projet au réalisateur. Fan de l’émission, l’auteur de Short cuts, originaire du Midwest comme Keillor, s’est montré enthousiaste : « C’est par la radio que je me suis d’abord intéressé à la fiction, confie Altman. « Je me revois, gamin dans les années 30, allongé par terre comme tous les gosses de l’époque, à écouter la radio pendant des heures. Jeune homme, mon idole était Norman Corwin, un de ceux qui ont inventé la dramatique radio. Et mes premiers boulots dans le métier, à part un peu de théâtre, étaient d’écrire des pièces radiophoniques.« 

The Last show a été tourné, durant cinq semaines, au Fitzgerald Theatre de Saint-Paul dans le Minnesota, là où Keillor enregistre son émission depuis 1978. Garrison Keillor joue lui-même le rôle l’animateur de l’émission, appelé simplement G.K. Certains des personnages du film existaient déjà dans le show radiophonique : Guy Noir (un détective qui officie dans le film comme chef de la sécurité du théâtre) et l’impayable duo Dusty & Lefty. En revanche, les soeurs Johnson ont été imaginées pour le long métrage. Et bien sûr, certains des comédiens et musiciens qui apparaissent dans le film sont des invités récurrents de l’émission de radio, tels Sue Scott (qui incarne la maquilleuse) ou Tim Russell (qui interprète la régisseuse). L’équipe technique habituelle de l’émission à collaboré avec celle du film lors des numéros de variété, tournés sur scène devant un public et dans les conditions du direct. Ajoutons cependant que dans le film, A prairie home companion est une émission de radio locale qui ne connaît pas l’immense succès du véritable programme.

Après avoir exploré le monde du cinéma dans The Player, celui de la mode dans Prêt-à-porter et celui de la danse dans Company, et adapté à l’écran des pièces de théâtre (Fool for Love), Robert Altman, amoureux du spectacle, dévoile cette fois les coulisses d’une émisison de radio. « Le show de Garrison Keillor est destiné à la radio, mais c’est aussi un spectacle donné sur scène devant un vaste public. C’est de la radio, mais c’est aussi du music-hall, et cela m’a tout de suite interpellé« , confie-t-il, en précisant à propos du tournage : « On pourrait dire que nous avons tourné ce film comme un documentaire. Nous n’avons pas essayé de camoufler nos caméras. On a procédé un peu comme pour une captation : la caméra est présente pendant l’action, mais rien n’est organisé pour elle.« 

La véritable émission n’est nullement menacée. Mais selon l’homme de radio et scénariste Garrison Keillor, il était intéressant d’aborder cette question (la fin programmée du show) dans une fiction : « Quand les personnages ignorent qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de leur tête, quand ils continuent leur petit bonhomme de chemin sans s’apitoyer, quand ils avancent jusqu’au bord de la falaise pour sauter (exactement comme le font les gens dans la vraie vie), alors là, ça m’intéresse. Mon but était d’offrir à M. Altman plusieurs possibilités intéressantes, sachant qu’il en couperait certaines, qu’il en reformulerait d’autres et que tout cela allait beaucoup changer.« 

Lily Tomlin et Meryl Streep reviennent sur « la méthode Altman » : « Quelle que soit la scène écrite, Altman utilise l’image et la bande-son au maximum de leurs possibilités narratives. On a quelque chose qui se passe ici et autre chose là-bas. Tous les acteurs ont leur propre micro, c’est une caractéristique de son style« , explique la première. « Il veut voir à l’écran tout ce qui est entre les lignes du scénario. Tous les imprévus, les petits accidents, c’est de l’or pour lui. Il peut tourner dix pages de scripts en une demi-journée, quand d’autres mettent en boîte une page et demie. Dix pages de dialogues, vingt personnages, trois caméras : tout le monde se lance, perd les pédales et fait ce qu’il peut. Ca devient électrique« , note la seconde.

Meryl Streep, qui incarne l’une des soeurs Johnson, pousse la chansonnette dans The Last show, mais la comédienne s’était déjà livrée à cet exercice dans La Force du destin d’Hector Babenco en 1987 et Bons baisers d’Hollywood de Mike Nichols en 1990. D’autre part, pour avoir l’accent du Wisconsin, elle a pu demander conseil à sa belle-mère, qui est originaire de cet Etat.

Garrison Keillor a été surpris en lisant une interview de Lindsay Lohan, dans laquelle la comédienne disait qu’elle jouerait le rôle de la fille de Meryl Streep dans le film, alors qu’à ce moment-là, aucun rôle n’était encore prévu pour elle… Le scénariste a trouvé que c’était une excellente idée, et l’actrice s’est vu offrir le rôle. En raison de cet intense lobbying, Keillor a malicieusement baptisé le personnage Lola, en référence à la chanson Whatever Lola, wants Lola gets…

Lily Taylor est une des comédiennes-fétiches de Robert Altman : l’actrice a trouvé son premier rôle au cinéma dans Nashville en 1975, et a retrouvé le cinéaste dans les années 90 à l’occasion de The Player et Short cuts.

Garrison Keillor parle de la femme mystérieuse, aux frontières du réel, interprétée par Virginia Madsen : « C’est un personnage qui a beaucoup évolué. D’abord, c’était une fan du show persuadée que le présentateur était amoureux d’elle. Elle se faufilait discrètement dans les coulisses en évitant toujours de se faire remarquer… Mais j’avais envie qu’elle soit au coeur de l’action. J’ai décidé de faire d’elle un ange, qui après un accident de voiture revient sur terre pour rendre visite aux artistes de son émission préférée. » La comédienne livre son point de vue : « C’est un personnage qu’on ne peut pas totalement expliquer. Elle ne se considère certainement pas comme dangereuse, au contraire, elle est là pour accompagner les Humains au paradis. Mais comme elle aime le spectacle, au lieu de repartir comme elle est venue, elle traîne un peu aux côtés de ces artistes qui vivent la fièvre de ce qui sera sans doute leur dernière représentation… »

 » The last show est plus grave qu’il n’y paraît. Au fond, le hasard objectif qu’il met en scène avec ces recettes qui ont fait les meilleurs films du cinéaste ne parle que d’elle : la mort. La mort d’un homme et celle d’un cinéma. Une mort personnifiée (blonde en imper blanc, clin d’œil à une femme fatale elle aussi disparue), une mort sublimée façon teenager (la jeune fille aux idées suicidaires, qui improvise l’épitaphe du show), une mort dans tous les cas omniprésente (les deux sœurs qui ne cessent de rappeler la mémoire de leur mère). Blond, tendre et doux comme une brioche (très beau travail sur les couleurs et les lumières), ce cinéma qui rend hommage à la comédie ressemble aussi à une pavane pour une Amérique défunte. 
Plus proche sans doute de Nashville que de Short cuts, The last show partage avec les meilleurs films de Robert Altman l’immense talent de directeur d’acteurs du cinéaste. La formule des destins croisés, qu’on aurait pu croire éculée, fonctionne encore à merveille, et Meryl Streep, enfin délivrée des oripeaux haute couture et d’un vain mimétisme avec Glenn Close (Le diable s’habille en Prada), est de nouveau l’Américaine moyenne, un tantinet plouc (pour le meilleur), qu’elle sut ailleurs, avec d’autres, si bien incarner.  » (avoir-alire.com)

(La mort, omniprésente dans ce Last show, a rattrapé son réalisateur avant la sortie en France du film. Robert Altman nous a quittés le 20 novembre 2006.)

Le cinéaste avait d’abord confié le rôle de Guy Noir à George Clooney et celui de la femme dangereuse à Michelle Pfeiffer, mais ces deux comédiens se sont retirés du projet et ont été remplacés respectivement par Kevin Kline et Virginia Madsen. Vieux complices d’Altman, les musiciens Tom Waits et Lyle Lovett avaient été pressentis pour former le tandem Dusty et Lefty. Mais ce sont finalement Woody Harrelson et John C. Reilly.

La country music tient logiquement une large place dans The Last show. Cela ne surprendra pas les admirateurs de Robert Altman, qui n’a jamais caché son amour pour cette musique. L’un de ses films les plus célèbres n’est-il pas Nashville, ou une série de portraits croisés dans une ville qui fut le berceau de la country ?

C’est la première fois que Robert Altman travaille avec Edward Lachman, collaborateur entre autres de Steven Soderbergh (Erin Brockovich) Sofia Coppola (Virgin suicides) ou encore Todd Haynes (Loin du paradis). En 2003, il co-réalise Ken Park avec Larry Clark.

Tout comme son personnage dans le film, l’assistante Molly, Maya Rudolph était enceinte durant le tournage.

Pour une question d’assurance, Robert Altman, âgé de plus de 80 ans, a dû nommer un réalisateur « de réserve » au cas où il lui arriverait quelque chose sur le plateau. C’est Paul Thomas Anderson, l’auteur de Magnolia (un film souvent comparé à ceux d’Altman) qui a été choisi.

Au cours d’une scène à la fin du film, Kevin Kline ouvre une bouteille de champagne. On entend alors un petit « Ow ! » hors-champ, puis le comédien s’excuse (« sorry« ). C’est parce que le bouchon a atterri sur le front de Robert Altman !


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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