Vendredi 07 mars 2003 à 20h45
Film de Peter Mullan – Royaume-Uni – 2003 – 2h – vostf
En Irlande, dans le comté de Dublin, en 1964. Lors d’un mariage, Margaret est violée par son cousin. La honte s’abat sur toute la famille. Au petit matin, le curé de la paroisse vient chercher Margaret. Bernadette est pensionnaire dans un orphelinat. En grandissant, devenue jolie, elle suscite la convoitise des jeunes gens du quartier. Considérant que sa nature et son caractère la destinent au pire, la direction de l’orphelinat la confie alors à l’unique institution susceptible de la maintenir dans le droit chemin. Rose, qui n’est pas mariée, vient de donner naissance à un petit garçon. Séparée de son bébé, elle est emmenée au couvent des soeurs de Marie-Madeleine. Les trois jeunes femmes sont immédiatement confrontées à Soeur Bridget, qui dirige l’établissement et leur explique comment, par la prière et le travail, elles expieront leurs pêchés et sauveront leur âme.
Sur le web
The Magdalene sisters constitue le deuxième long métrage de Peter Mullan en tant que réalisateur. Ce dernier avait auparavant mis en scène en 1999 Orphans, un drame primé à Venise, Barcelone et Angers.
The Magdalene sisters s’inspire de l’histoire de milliers de femmes rejetées par leur famille et livrées à l’Eglise. Déclarées « filles perdues« , incarcérées sans avoir commis de méfait, elles étaient pauvres, orphelines, victimes de viol, parfois « fille-mères« . Les Magdalene homes ont été créés en Irlande au XIXe siècle. Ils doivent leur nom à Marie-Madeleine, une pécheresse devenue sainte-femme après s’être repentie aux pieds de Jésus qui la laissa les lui laver. A l’aube du XXe siècle, ces institutions csont reprises par l’Eglise, placées sous la direction des Soeurs de la Miséricorde, à la discipline de fer, et transformées en laveries. Les pensionnaires y travaillent sans rémunération dix heures par jour, sept jours sur sept, coupées du monde, lavant le linge des hôtels, des universités et autres établissements. Grâce à la puissance du clergé, ces institutions sont maintenues jusque dans les années 70. Il faudra cependant attendre 1996 pour que le dernier de ces couvents-prisons soit fermé.
C’est après avoir vu sur Channel Four le documentaire Sex in a cold climate, consacré à la détresse des femmes prisonnières de ces couvents, que Peter Mullan a écrit le scénario de The Magdalene sisters. Révolté par l’injustice faite à ces femmes, il a voulu raconter l’histoire des couvents de Marie-Madeleine à un large public. Les témoignages filmés des victimes ont été sa principale source d’information.
Pour compléter la distribution, Peter Mullan a engagé deux femmes qui ont véritablement fait l’expérience des couvents de Marie-Madeleine : une pensionnaire et une religieuse qui ont veillé à l’authenticité du film. Le réalisateur déclare : « J’ai pris certaines libertés artistiques, mais leur présence sur le plateau me permettait de ne pas m’égarer. Je pouvais me dire que ce que nous faisions était aussi proche de la réalité que possible.«
«Alors que plane sur leurs têtes l’ombre des trente mille femmes mortes dans ces couvents, les héroïnes de Peter Mullan oscillent entre espoir et résignation, révolte et abnégation. En ce sens, le personnage le plus remarquable est sans doute celui de la pétillante Bernadette, qui devient un être renfermé et douloureux, avant de retrouver la lumière. La réussite du film tient également à la distribution. Outre les trois rôles principaux, il faut souligner la performance de Eileen Wash, vulnérable Crispina que la douleur conduira à la folie, et de Geraldine McEwan qui compose une soeur Bridget tout en contradictions. La mise en scène de Peter Mullan est efficace. Il exploite à propos les contrastes de lumière et de couleur entre l’intérieur terne et gris du couvent et l’extérieur baigné de soleil. Les trois premières scènes, réduites essentiellement aux images et à la musique, sont éblouissantes de maîtrise. Pourtant The Magdalene Sisters est sobre, trop sobre peut-être. Après la réaction scandalisée du Vatican lors des premières projections, on s’attendait à un brûlot féroce contre l’Eglise. Or, Peter Mullan, même s’il dénonce dans son film l’horreur de ces couvents, ne parvient pas vraiment à susciter notre indignation. Est-ce parce qu’il tend à épargner l’Eglise, en ne la mettant jamais directement en cause et en distinguant implicitement les vilaines soeurs et les prêtres vicieux de l’institution elle-même ? Ou bien parce que le film, construit autour de la longue, mais victorieuse, quête de liberté des trois protagonistes, finit par nous laisser penser que ces femmes étaient en mesure de choisir leur destin ? A une époque où le cinéma règle ses comptes avec l’Eglise, on imaginait un réquisitoire plus virulent de la part d’un des interprètes fétiches de Ken Loach. Si The Magdalene Sisters n’est pas un film politique, il n’en reste pas moins un portrait de femmes saisissant et une performance d’actrices remarquable.» (avoir-alire.com)
The Magdalene sisters a remporté le Lion d’or à la Mostra de Venise 2002. Au moment de recevoir le Lion d’or à Venise, Peter Mullan, a déclaré que The Magdalene sisters « n’était pas dirigé contre l’Eglise« . Malgré ces propos, le quotidien pontifical Osservatore Romano s’est dit indigné par le film et y a vu un brûlot anticlérical. Quant à l’Eglise, elle n’a formulé à ce jour aucune excuse ni proposé aucun dédommagement à ces femmes, qui, des années durant, ont travaillé pour son compte.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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