The Quiet Girl



Samedi 06 Mai 2023 à 20h

Cinéma Jean-Paul Belmondo (ex-Mercury) – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Colm Bairéad, Irlande, 2022, 1h36, vostf

Irlande, 1981, Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille, est envoyée vivre auprès de parents éloignés pendant l’été. Mais dans cette maison en apparence sans secret, où elle trouve l’épanouissement et l’affection, Cáit découvre une vérité douloureuse.

Notre article

par Josiane Scoleri

The quiet girl est un film comme on en rencontre rarement. À savoir, un film très classique dans sa forme et pourtant étonnamment inventif. Un film d’une grande simplicité et pourtant plus lourd de sens qu’il n’y paraît.Un film dont le sujet a été traité mille fois au cinéma et qui trouve néanmoins un angle narratif très personnel.Un mélo parfaitement mélodramatique et en même temps tout en retenue.Le film navigue ainsi avec une facilité apparente entre tous les écueils du film d’enfance larmoyant, du film paysager extatique, du reportage naturaliste et nous offre un portrait vibrant et sensible qui sonne juste.

Colm Bairead est un cinéaste qui vient du documentaire (The quiet girl est son premier long-métrage de fiction) et on sent un regard attentif au moindre détail qui entre dans le champ.Cela nous vaut, pour tout ce qui a trait au quotidien, des images très sobres qui rayonnent d’une indéniable authenticité. Et ce n’est pas le moindre charme du film.L’utilisation du gaélique, langue aujourd’hui très minoritaire en Irlande même, ajoute une note d’étrangeté atemporelle au récit qui évoque irrésistiblement les contes et légendes du temps jadis alors même que l’action est datée du début des années 80. Et si l’anglais est présent dans le film avec le personnage du père, il permet avant tout de donner corps aux difficultés de communication entre le père et sa fille.En effet, Cáit, la petite fille du titre, est une enfant qui observe et qui a du mal à verbaliser.

La grande habileté du réalisateur aura consisté à éviter la voix off d’un bout à l’autre du film alors qu’ici tout est affaire de regard. Le récit est entièrement construit autour de la jeune protagoniste (la formidable Catherine Clinch – 12 ans au moment du tournage- qui est de presque tous les plans et tient littéralement le film sur ses frêles épaules). Nous voyons le monde par ses yeux et ses silences. La voix off aurait été la solution de facilité pour nous faire entendre ce qu’elle ressent et faciliter l’identification du spectateur au personnage. Le parti pris du réalisateur de laisser toute sa place au silence est certes plus exigeant, mais il nous laisse en même temps mille fois plus de liberté. D’autant plus que le rythme du film s’écoule paisiblement, en écho à son titre, et nous laisse le temps non seulement de regarder, mais de ressentir et d’imaginer. C’est ainsi que le film va peu à peu nous attirer dans son orbite sensible pour ne plus nous lâcher.

Adapté d’une nouvelle qui a eu un grand retentissement en Irlande, ( «Forster» de Claire Keegan), le réalisateur a souhaité ajouter au scénario, la phase d’exposition du personnage où l’on découvre Cáit dans sa famille. C’est une idée simple, mais qui va permettre une montée en puissance dramatique, où sans besoin de flash-backs, les émotions se répondent par la seule force des contrastes (l’espace, l’atmosphère, les couleurs et la lumière notamment).

L’image est très soignée, certains diront un peu trop léchée, mais elle participe entièrement de ce parti pris de classicisme qui est la marque du film. La lumière est sage. Les cadrages jouent de manière tout aussi classique des oppositions extérieur – plans larges/ intérieur -plans serrés, avec notamment le cadre dans le cadre des portes et des fenêtres. Le montage lui-même ne s’autorise guère de fantaisie, mais tous ces éléments sont mis au service du scénario dans une garantie d’équilibre et d’efficacité.

Les seuls moments où le rythme s’accélère quelque peu sont les scènes de groupe, moment de détente, tea-time et partie de cartes du dimanche après-midi avec les amis du couple qui accueille – ou plutôt recueille – Cáit, moment de gravité collective avec la veillée funéraire. Les deux scènes s’insèrent dans le récit comme les témoins de liens sociaux d’une autre époque, reliquat d’une société rurale traditionnelle dont on se demande comment elle a pu subsister si longtemps. Et ce n’est certes pas par hasard si l’irruption de la communauté et des pratiques collectives – la messe, les rites funéraires- provoquent le moment cathartique du film et déchirent d’un coup d’un seul, ce qui pouvait apparaître comme une vision idyllique de la ruralité et de la famille ( les ragots et le manque d’humanité des voisins, les non-dits et la honte des secrets de famille). Là aussi, le scénario s’avère bien plus soigneusement pensé qu’on pourrait le penser de prime abord.

The quiet girl est de fait, un film qui atteint à l’intensité dramatique à force de minimalisme. C’est un pari qui, en soi, force le respect.Ce qui aurait pu virer au gentil téléfilm gagne au fur et à mesure en stature en tant qu’objet cinématographique à part entière.Et lorsqu’on craint le «happy end» qui aurait porté un coup fatal à tout l’édifice, le réalisateur a l’intelligence de terminer sur une fin ouverte, elle aussi toute simple, mais d’une grande justesse dans sa totale économie de moyens, par cette simple répétition du mot «Daddy» qui recèle toute l’ambiguïté de la scène finale et la polarité des sentiments contradictoires intenses que ressent Cáit à ce moment-là.The quiet girl réussit ainsi à nous embarquer en douceur, malgré les réticences compréhensibles face à cet objet d’apparence un peu trop lisse. Sous le calme de surface se cachent de puissants courants souterrains.

Sur le web

Colm Bairéad est né à Dublin en 1981, et a grandi dans une famille bilingue où on parlait l’irlandais et l’anglais. Il a développé une fascination pour le cinéma dès son plus jeune âge. Son père, par l’intermédiaire du magnétoscope familial, l’a initié au cinéma muet, aux premières comédies musicales d’Hollywood et aux films noirs des années 40. Colm Bairéad a fait des études de cinéma à l’Institut de technologie de Dublin. Son premier court métrage, réalisé après l’université a pour titre Mac an Athar (Le Fils de son père), un film semi-autobiographique autour d’une famille irlandaise de Dublin. Il a obtenu du succès dans de nombreux festivals internationaux. En 2012, Colm Bairéad a reçu une distinction de la Screen Directors’ Guild of Ireland pour son « travail exceptionnel en tant que réalisateur en langue irlandaise« . En 2022, il a reçu le Aer Lingus Discovery Award et le Screen IrelandIFTA Rising Star Award. The Quiet Girl (An Cailín Ciúin) est son premier long métrage de fiction. Il s’agit du film en langue irlandaise le plus rentable de tous les temps, et l’un des plus appréciés par la critique. Il représente l’Irlande, dans la catégorie meilleur long métrage international, pour les Oscars 2023. Les cinéastes préférés de Colm Bairéad sont toutes des femmes : Kelly Reichardt, Andrea Arnold, Céline Sciamma et Lynn Ramsay. Le court métrage Gasman (1998) de Lynn Ramsay, qui a également pour personnage central un enfant , a servi de référence visuelle pour The Quiet Girl et son drame historique Ratcatcher (1999) a inspiré Colm Bairéad pour capter la quintessence de la nouvelle de Claire Keegan « Les Trois Lumières« .

Propos du réalisateur:

The Quiet Girl (An Cailín Ciúin) est l’adaptation en langue irlandaise du récit « Foster« , écrit par Claire Keegan. Publié pour la première fois dans le New Yorker qui l’a déclaré « Best of the Year« , le livre a été édité chez Faber & Faber en 2010. Il a été publié en France, sous le titre « Les Trois Lumières » chez Sabine Wespieser Editeur. Le scénariste et réalisateur Colm Bairéad a lu pour la première fois Foster à l’été 2018, alors qu’il cherchait de la matière pour un film. Le livre était cité dans un article de The Irish Times qui mentionnait les dix meilleurs travaux irlandais écrits par des femmes. « Je l’ai lu et il m’a beaucoup ému. Dès les premières pages, le livre a commencé à prendre forme dans ma tête comme un film. J’ai aimé la nature détachée et pourtant pleine de compassion du texte, et j’ai été très touché par cette jeune héroïne« . Il a immédiatement été séduit par l’idée de l’adapter en film. « Il touche à tant de domaines qui me passionnent, de choses qui sont présentes dans mon travail – les liens familiaux complexes, la croissance émotionnelle et psychologique et surtout le deuil et sa capacité à nous façonner« . « D’un point de vue formel, le récit lui-même était convaincant – raconté à la première personne, à travers les yeux d’une jeune fille. C’était totalement immersif, empathique et visuel – tout ce que cette fille voit et ressent à chaque instant. La tension narrative de l’histoire provient entièrement de l’expérience de la fillette, plutôt que d’une trop grande dépendance à l’intrigue. C’était un défi intéressant du point de vue de la création filmique. Mais c’était aussi la « petitesse » de l’histoire à laquelle je croyais. Il y a une citation de Mark Cousins (réalisateur et critique de cinéma anglais) qui dit en substance que l’art nous montre encore et encore que si nous regardons de près et sans oeillères une petite chose, nous pouvons y voir beaucoup d’autres choses.« 

L’histoire dont est tiré The Quiet Girl est assez courte. Le réalisateur a donc inventé un chapitre supplémentaire, qui est le premier chapitre du film : « Je l’ai composé à partir des souvenirs de l’héroïne, qui sont mentionnés dans le livre. Cela dit, le plus important pour moi était l’atmosphère et le point de vue, le récit à la première personne. Il me semblait important de trouver une manière de rendre ce point de vue. Pour le souligner, j’ai décidé que la caméra ne devrait jamais quitter l’héroïne. Je voulais aussi montrer que si n’importe quel moment de la vie de ces personnages peut paraître banal, à première vue, en y regardant de plus près on peut en extraire quelque chose de beau.« 

Ayant grandi à Dublin dans une famille bilingue parlant anglais et irlandais, le réalisateur a choisi de tourner The Quiet Girl en gaélique irlandais : « Le gaélique est très cher à mon cœur. C’est une langue minoritaire surtout parlée dans l’Irlande rurale, mais ces dernières années, il y a eu quelques tentatives pour le rétablir. Certaines écoles l’enseignent à nouveau. Ce qui est remarquable, c’est qu’en deux ou trois ans, le nombre de films tournés en irlandais a doublé, alors qu’avant j’étais une des rares personnes à le faire.« 

Interrogé sur les recherches spécifiques qu’a menées le réalisateur, il confie: «Comme l’histoire se passe en 1981, je voulais intégrer ce contexte historique. Au début, nous avions tourné une scène directement liée à l’époque et à la grève de la fin de ces années. Finalement, nous y avons seulement fait allusion. Nous avons fait des recherches sur les costumes et les lieux. Après, en matière de mauvais traitements des enfants, hélas, l’Irlande a une histoire honteuse, et qui a été très documentée. Je pense aux orphelins ou aux enfants considérés difficiles. La plupart de ces choses se sont produites avec l’assentiment de l’État ou de l’Église. Nous voulions que le film soit une manifestation d’empathie par rapport à ces enfants».

Le film repose sur la performance tout en nuances de la nouvelle venue Catherine Clinch, dont c’est la première expérience devant une caméra.

Avec la directrice de la photographie Kate McCullough (Arracht, Normal People), et une distribution de comédiens confirmés comprenant Carrie Crowley (Vikings) et Andrew Bennett (The Stag), le réalisateur savait que le choix de « sa Cáit » était crucial pour le succès du projet. « Des auditions ont eu lieu à Munster, dans le sud du pays, puis le Covid est arrivé« , a déclaré Bairéad. »Nous avons lancé des appels pour recevoir des auditions filmées . Nous avons reçu la cassette d’une jeune fille qui s’appelle Catherine Clinch. C’est Cleona qui l’a vue en premier. Elle m’a appelé et m’a dit: « Colm, tu dois regarder ça. Je pense que nous avons trouvé notre Cáit« .

« Elle avait cette immobilité, cette dignité et cette intelligence émotionnelle en tous points palpables. La façon dont elle était disposée à permettre à la caméra de la filmer était vraiment remarquable. Catherine est plus petite que son âge, ce qui la rend parfaite pour jouer le rôle de Cáit qui est sensée avoir neuf ans; et pourtant, la maturité et la sagesse se cachaient derrière ses yeux saphir.« 

Le réalisateur ne tarit pas d’éloges sur l’actrice de onze ans, louant son intelligence émotionnelle et sa capacité à tirer son épingle du jeu dans les scènes avec Carrie Crowley et Andrew Bennett . « Même si c’était la première fois qu’elle jouait devant la caméra, elle avait cette merveilleuse capacité d’être et de se laisser filmer par la caméra sans être gênée ou sans ressentir le besoin d’en faire trop. » Dès la pré-production, Colm Bairéad révèle qu’il était évident « qu’elle avait cette compréhension extraordinaire du sous-entendu émotionnel des scènes » et qu’elle permettait « à toutes les émotions de son personnage d’être poussées vers l’intérieur » confiant dans le fait que la caméra « relèverait la subtilité de sa performance« .

The Quiet Girl est le film en langue irlandaise le plus rentable de tous les temps. Il a été nommé à l’Oscar du meilleur film étranger en 2023.

« Taiseuse et introvertie, Cáit est une fillette de neuf ans issue d’une famille défavorisée et défaillante. En difficulté à l’école, où elle a du mal avec la lecture, et en souffrance à la maison, où elle se fait tout aussi discrète – l’hygiène n’a pas l’air d’être la préoccupation principale et elle souffre d’énurésie -, elle a appris à ne pas se faire remarquer, disparaissant presque aux yeux de ceux qui l’entourent. Alors que les vacances estivales arrivent et que la grossesse de sa mère approche de son terme, Cáit est envoyée chez des parents éloignés pour l’été. Confiée sans explications à ce couple quinquagénaire qui représente deux étrangers pour elle, elle tente de faire connaissance avec Andrew et Sean Kinsellas.

Dans leur demeure, modeste mais nettement plus spacieuse et mieux entretenue que ce qu’elle a connu jusqu’à présent, elle ne manque désormais de rien et peut enfin bénéficier de l’attention dont tout enfant a besoin pour grandir sereinement : de la compagnie, de la bienveillance, des soins, mais aussi de nouveaux vêtements propres, des repas réguliers et de bons bains chauds. Tandis que la femme, Eibhlín, se montre chaleureuse et douce avec l’enfant, son époux, Seán, garde d’abord ses distances avec Cáit – qui en fait de même. Il n’a visiblement guère envie de s’investir dans l’éducation de cette enfant de passage, mais montre quelques signes de responsabilité et d’intérêt au fil du temps. La distance s’atténue progressivement et leur lien commence à se tisser alors que Cáit découvre de plus en plus la vie à la ferme et y prend part avec curiosité et envie.

Derrière le minimalisme de The Quiet Girl, qui préfère suggérer plutôt que dire, la belle retenue dont fait preuve le cinéaste irlandais Colm Bairéad est une force réelle pour sa tendre adaptation du roman Foster de Claire Keegan. Au plus proche de sa jeune protagoniste principale, incarnée avec grâce par Catherine Clinch, la caméra de Bairéad intègre ça et là ce qu’il faut de détails pour exprimer comment la vie de cette enfant se transforme loin de ses parents négligents, chez ces cousins éloignés qui lui témoignent cette gentillesse et cette affection dont elle a jusqu’alors manqué.

La simplicité (apparente) de The Quiet Girl est finalement ce qui lui confère une telle puissance émotionnelle. Soigneusement mis en scène et magnifiquement photographié, le long-métrage envoûte par sa délicatesse et sa fragilité, pour véhiculer la simple idée qu’un enfant a besoin d’amour et de dévotion pour grandir et s’épanouir. Lorsqu’elle jaillit de la réserve de ses deux « foster » parents, la bonté de ces deux adultes cabossés par un drame touche en plein coeur et pulvérise toute once de cynisme. Un joyau discret, engageant et bouleversant. » (lebleudumiroir.fr)

« … La beauté du film repose sur la pure sensibilité des personnages, tous pudiques et taiseux, subtilement interprétés. Dans leurs silences, un autre langage naît, fait de gestes, de moments où la tendresse trouve à s’exprimer autrement que par des mots — par exemple à travers le motif d’une tapisserie où le départ d’un train évoque la séparation… Un monde visuel que le réalisateur organise comme un musicien, par petites touches trouvant une magnifique résonance. » (telerama.fr)

« … The Quiet Girl est un film d’une immense tendresse. Une fois que la jeune fille a pris ses marques dans la maison estivale, elle s’abandonne à la beauté des champs, les couleurs de la mer et l’air agréable des chemins pavés d’arbres. Le long-métrage raconte avec une très belle sobriété la mécanique de la carence affective, et comment, avec une myriade d’attentions et de jolis gestes, l’amour, la confiance en soi reprennent leur place. C’est un film sur l’enfance, une enfance qu’il faut choyer, protéger, et aimer pour ce qu’elle est : une fenêtre sur le monde de demain.

Colm Bairéad apporte à ce récit une dimension à la fois spirituelle et sensible. Le réalisateur accompagne les pas de cette petite fille vers une reconstruction personnelle, à l’aune d’un couple, apparemment solide, mais qui projette dans les yeux de cette gamine leurs propres tourments. Le cinéaste évite le drame, les excès. Tout se joue dans l’épure de la mise en scène, la délicatesse presque invisible des gestes du quotidien, et une mise en valeur merveilleuse de la nature irlandaise. Acclamé à juste titre au festival de Berlin en 2022, The Quiet Girl réinvente presque un genre cinématographique à l’heure où les spectateurs se délectent d’effets spéciaux en tout genre. Ici, le dépouillement est convoqué et chaque image ressemble à un tableau de peinture classique.

Sans aucun doute, The Quiet Girl est peut-être le film le plus simple, mais aussi le plus profond et le plus sincère de la programmation de ce printemps 2023. Le métrage se laisse regarder comme une œuvre picturale, avec le sentiment que le temps qui passe devant l’écran, constitue pour le spectateur un petit cadeau de calme et de bien-être. » (avoir-alire.com)

« … Le sens de l’image est manifeste chez Colm Bairéad, que l’on découvre avec The Quiet Girl (La Fille calme). Un même goût émane du récit, sensible, rythmé et poétique. L’Irlande côtière s’y prête, et le réalisateur filme une ode à son île en même temps qu’un drame de l’enfance. Catherine Clinch, sa jeune actrice de tous les plans, s’impose par sa silhouette diaphane, la pureté de son regard et l’expressivité de ses traits. Elle est le rôle.

La cruauté domine les sentiments. Plus qu’une victime, Cáit est une martyre à laquelle sera octroyée une « parenthèse enchantée » de quelques jours, au milieu des tâches ménagères, des mauvais résultats scolaires, et des conséquences de sa découverte. Colm Bairéad ne noircit pas le tableau. Au contraire, il filme un cadre merveilleux et une maison chaleureuse, tout en restant équilibré dans une expression mesurée des émotions, à l’image de sa jeune héroïne, plus observatrice que victime. C’est elle qui raconte.

The Quiet Girl fait penser à Kes (1970) de Ken Loach, sur un jeune garçon mal aimé qui se réfugie dans l’amour pour son faucon apprivoisé. Un des plus beaux films sur l’enfance. Une même sensibilité émane de Colm Bairéad, avec l’impression qu’une telle histoire, pourtant si universelle, n’arrive qu’en Irlande. » (francetvinfo.fr)

« … Ce qui fait de The Quiet Girl un film si particulier, c’est qu’une grande partie est ressentie plutôt que vocalisée, et que c’est en grande partie à nous, spectateurs, qu’il revient d’interpréter et d’éprouver de l’empathie. Comme le titre l’indique, Cáit a du mal à s’exprimer, et lorsqu’elle le fait, c’est avec une petite voix hésitante qui devrait faire fondre tout cœur qui n’est pas fait de pierre ; vous pouvez sentir qu’elle a grandi sans être entendue, sans être consultée, sans être écoutée. Vous commencerez aussi à remarquer que l’amour sans limite d’Eibhlin pour la petite fille est teinté de douleur ; vous vous demanderez pourquoi le papier peint de la chambre où elle séjourne est orné de trains.

Les trois acteurs principaux sont superbes dans la façon dont ils portent leurs propres fardeaux – comme il a dû être difficile de trouver une jeune fille capable de porter si intensément le poids du monde sur ses épaules. Ne manquez pas non plus de le regarder dans la langue irlandaise originale, quelle joie d’entendre une langue peu répandue démontrer sa puissance sur grand écran. Je pense toujours que les gens qui prétendent que certaines langues ont une sonorité dure ne les ont jamais entendues dans un film, car la tendresse avec laquelle Carrie Crowley prononce ses répliques, juste au-dessus d’un chuchotement, est envoûtante. C’est un film qui évolue dans la banalité du quotidien, trouvant des moments de vérité dans les tragédies courantes de notre époque. »(cestquoilecinema.fr)

« … Avec un sens méticuleux du détail, Colm Bairéad opte pour une réalisation qui tend vers l’esthétisation, mais s’arrête juste à temps pour conférer à chaque geste, chaque situation sa pleine densité. Tant et si bien qu’on entre en résonance avec cette fillette, qui découvre avec stupeur qu’on peut lui coiffer les cheveux en prenant son temps et s’occuper d’elle avec gentillesse. Le lien qui se tisse entre elle et ses parents de substitution se déploie sous nos yeux et émeut au plus haut point. Rarement a-t-on vu au cinéma un tel soin apporté à des gestes supposés anodins, qui revêtent ici une dimension extraordinaire.

Il y a dans le regard de Catherine Clinch, qui joue Cáit, un tel accueil des forces en présence que ces moments d’échange et de complicité se chargent d’une émotion intense. À ses côtés, nos capteurs s’aiguisent : on ressent, à son diapason, le souffle du vent ; on traque la circulation de la lumière et de l’eau – ambivalente, comme l’attitude des adultes dans cette histoire. The Quiet Girl a la force d’une toile de Vilhelm Hammershøi ou d’un poème de Keats. C’est une œuvre dotée d’une hypersensibilité rare. Un très beau film sur l’enfance et l’amour qu’elle requiert. » (bande-a-part.fr)

« … Le réalisateur nous plonge au plus près de ses interprètes car il les filme avec amour, douceur et est toujours très proche d’eux. De plus, Colm Bairéad nous livre de sublimes images. Des plans magnifiques sur une musique de Stephen Rennicks. L’époque est bien reconstituée et c’est un sans faute pour le réalisateur qui n’est pas sans nous faire monter des sanglots dans la gorge. Une œuvre toute simple, avec une histoire qui l’est tout autant et pourtant…. The quiet Girl dégage une force indéniable. En fait un tel film ne se raconte pas, il se vit sur grand écran au travers des images, des silences des regards, du chant des oiseaux, de la nature, même au travers des non-dits, et surtout de l’amour que l’on peut porter et trouver auprès d’autres personnes. » (dameskarlette.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

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Entrée : Tarif adhérent: 6,5 €. Tarif non-adhérent 8 €. Adhésion : 20 € (5 € pour les étudiants) . Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier et à l’atelier Super 8. Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici


 

 

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