The Ride, la Chevauchée



Vendredi 09 Mars 2018 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Documentaire de  Stéphanie  Gillard – France – 2016 – 1h28

Chaque hiver, une troupe de cavaliers Sioux traverse les grandes plaines du Dakota pour commémorer le massacre de leurs ancêtres à Wounded Knee. Sur ces terres qui ne leurs appartiennent plus, les aînés tentent de transmettre aux plus jeunes leur culture, ou ce qu’il en reste. Un voyage dans le temps pour reconstruire une identité perdue qui confronte l’Amérique à sa propre histoire.

Ron His Horse Is Thunder et Stéphanie Gillard

Notre critique

Par Josiane Scoleri

The Ride est un film qu’on pourrait qualifier de modeste. Il ne prétend pas nous éblouir par une virtuosité technique ou formelle et n’affiche a priori pas d’autre ambition que de rester au plus près de son sujet. Mais c’est déjà beaucoup et c’est même l’essentiel. D’autant que les grands paysages des plaines de l’Ouest américain auraient facilement pu nous donner de la belle image bien lisse à la National Geographic. Mais Stéphanie Gillard, dont c’est ici le premier film pour le cinéma, semble farouchement immunisée contre la tentation de faire joli ou spectaculaire. Il semblerait que sa motivation profonde soit bien plutôt de faire vrai. Nous sommes donc dans un tout autre registre, autrement ambitieux qui implique, en soi, une confrontation directe à la matière même du cinéma. Seulement voilà, au cinéma, qui dit « Indiens » dit forcément « Western« . Et de fait, un spectre hante The Ride. De la première à la dernière minute. Un hors-champs puissant convoqué instantanément dans l’imaginaire du spectateur. Comme si derrière – devant ? le film qui se déroule à l’écran, nous voyions en permanence tout un kaléidoscope de scènes, de personnages, d’attitudes et de répliques qui constitueraient le « western personnel » de chacun d’entre nous. La petite troupe de cavaliers qui occupe l’écran vaille que vaille, apparaît soudain bien dérisoire face à une telle puissance de tir.

C’est sans doute ce qui rend le film plus touchant encore. Et là non plus, la réalisatrice ne cherche pas à orienter notre regard ou nos souvenirs de cinéphiles. Elle ne cède pas à la tentation du clin d’oeil ou de la citation. Elle n’a même pas besoin d’y avoir recours. C’est là, tout simplement, par la force des lieux et des situations. De même qu’elle fait l’impasse sur les images d’archives (mis à part les quelques secondes de film sur la ghost dance au tout début), là où d’autres auraient eu beau jeu de nous montrer de magnifiques portraits de chefs indiens ou les terribles photos des cadavres de Wounded Knee. Rien de tout cela chez Stéphanie Gillard. Elle n’est pas là pour faire oeuvre d’historienne ou de documentaliste. Pas de voix off, ni d’interviews non plus. Elle met, de fait, sa caméra au service des Indiens pour qu’ils racontent eux-mêmes leur histoire, avec leurs propres mots, Peu importe, par exemple, qu’il y ait des imprécisions ou des erreurs dans les propos des adolescents. Ce qui compte, c’est qu’ils rendent compte de leur vécu et de leur culture. La radicalité du propos se fait jour peu à peu derrière l’apparente simplicité de la mise en image. De fait, les jeunes sont au coeur du film comme ils sont au coeur du projet de la Chevauchée. Car, au-delà de la commémoration, au-delà même de l’épreuve physique qui est très rude, The Ride est avant tout une question de transmission. Chez les adultes, l’engagement personnel se double d’un engagement envers les générations futures. Et le film réussit à nous faire toucher du doigt l’urgence de la situation, sans rien montrer de la vie dans les réserves indiennes, avec son lot infini de misère et de désespoir. C’est le deuxième hors-champs du film qui affleure pudiquement au détour d’une phrase ou d’un regard. Là aussi, le parti pris de mise en scène signe l’engagement de la réalisatrice. Pas d’apitoiement larmoyant qui enfonce l’autre dans son éternel statut de victime impuissante. Participer à la Chevauchée est une affirmation de soi, en tant qu’ Indien (Native American, selon la nomenclature consacrée aux États-Unis). Monter son cheval à cru, porter les drapeaux de prières, reconnaître le territoire comme sien, chanter dans sa langue : autant d’actes qui posent une appartenance et une vision du monde en dehors – et même très loin – du sacro-saint American way of life. Même si c’est seulement pour une quinzaine de jours. Le film suit la progression des cavaliers dans une alternance de scènes de jour à cheval et de scènes de nuit en intérieur qui marque le tempo du récit.

Aux paysages grandioses succèdent tous ces préfabriqués sans âme où la troupe fait étape chaque soir, comme un écho à la splendeur passée et à la douleur d’aujourd’hui. L’espace et le temps se répondent d’un plan à l’autre, parfois à l’intérieur d’un même plan. Il s’en suit souvent une sorte de flottement chez le spectateur, mais la réalisatrice prend bien soin de ne pas nous laisser prendre la tangente d’une quelconque idéalisation romantique. On n’oublie jamais très longtemps que nous sommes ici et maintenant (cf la distribution des cadeaux de Noël par exemple). L’une des scènes emblématiques du film est certainement celle où 3 jeunes gens regardent Little Big Man à l’arrière d’une voiture. Plan fixe sur les visages fascinés par des images que nous ne voyons pas. Nous entendons la bande-son et nous savons qu’il s’agit de la grande victoire indienne sur le septième régiment de cavalerie du colonel Custer à Little Big Horn. Les jeunes exultent. Little Big Man fut en 1970 le premier anti-western. Il ne s’agissait plus des westerns crépusculaires des années 60, démythifiant la figure du cowboy. Pour la première fois, un film américain se place résolument du côté des Indiens. Il prend le temps de montrer quelque chose de leur mode de vie et des règles complexes qui régissaient leur société. Pour la première fois, à l’écran, dans un grand film de fiction avec des stars d’Hollywood (rien de moins que Dustin Hoffman et Faye Dunnaway) l’armée américaine se prend la pâtée. Il y a tout ça dans The Ride. Et film nous rappelle ainsi à quel point il est vital pour chacun d’entre nous que la mémoire et l’imaginaire se conjuguent pour faire de nous des humains à part entière.

Sur le web

Après des études de droits, Stéphanie Gillard intègre l’ESAV à Toulouse et commence à travailler en tant qu’assistante de réalisation et assistante de production. Par la suite, elle produit et réalise son premier documentaire Une Histoire de Ballon traitant de la rencontre entre la tradition orale et le football au Cameroun. Elle réalise un second documentaire en 2009, Les Petits Princes des sables. Son troisième documentaire, Lames Ultramarines parle de jeunes escrimeurs des Antilles françaises rêvant de rejoindre l’équipe de France d’escrime. The Ride est son premier long-métrage documentaire cinéma.

La réserve du peuple Sioux de Standing Rock est établie sur les terres de la Grande Réserve du peuple Sioux telle que définie par le Traité de Fort Laramie du 29 Avril 1868. S’étendant originellement de la rivière Missouri jusqu’à l’Ouest des Black Hills, elle descendait au Sud jusqu’au Nebraska. Son territoire a été, au fil des années, réduit par l’action illégale et unilatérale du gouvernement américain jusqu’en 1959, année de l’adoption d’une Constitution et d’une gouvernance propre à la Réserve. Aujourd’hui, la réserve de Standing Rock s’étend sur les états du Dakota du Nord et du Sud. Elle est gouvernée par un conseil, élu par les habitants de la réserve. Le Conseil est composé d’un Président, d’un Vice-Président et de 14 membres résidents de la réserve. Il a autorité pour tout ce qui concerne le droit à la propriété, la vie économique, la sécurité, la santé et l’environnement. La population Sioux de Standing Rock, est originaire des peuples Dakota et Lakota. « Dakota » et « Lakota » signifient « Amis » ou « Alliés ». L’origine du mot « Sioux » remonte au XVIIème siècle et vient du nom que leur donnaient les indiens Ojibway du Nord: « Nadouwesou » (vipères). C’est un groupe de marchands français qui a donné le nom de Sioux qu’on leur connaît en ne gardant que la dernière syllabe du mot« Nadouwesou ». Le peuple Sioux est composé de plusieurs groupes, chacun ayant leurs propres identités culturelles, linguistiques, politiques et territoriales. Les Lakotas sont les plus nombreux et sont répartis sur d’autres réserves à proximité : Pine Ridge, Cheyenne River, Rosebud …

Début 2016, la réserve de Standing Rock a connu un important mouvement de protestation contre l’installation d’un Pipeline traversant la rivière Missouri, au niveau du Lac Oahe bordant la Réserve, ainsi qu’un cimetière sacré. Pour le peuple de Standing Rock, le Pipeline est une dangereuse menace pour la propreté de l’eau ainsi qu’une profanation, et une violation supplémentaire des traités qui leur attribuent des droits sur l’eau. De Septembre à Novembre 2016, l’armée américaine a sécurisé le chantier du Pipeline en réprimant avec une extrême violence les manifestations de la Réserve (lâché de chiens, blessant grièvement 6 hommes, gaz lacrymogène, lancé de grenades à concussion et jets au canon d’eau gelée, en plein hiver). Le 4 décembre 2016, après de longs mois de mobilisation, le Gouvernement Obama a finalement rejeté au Pipeline le droit d’usage des terres sous la rivière Missouri et commandé une enquête sur son impact écologique. Mais le 24 janvier 2017, Donald Trump, nouveau Président des Etats-Unis, et investisseur du Pipeline, annule les dernières décisions et ordonne le redémarrage du chantier malgré une décision de justice fédérale statuant sur l’illégalité de cette reprise. Aujourd’hui, la lutte continue toujours.

Après la victoire contre le géneral Custer à Little Big Horn et des années de résistance, le grand chef Sitting Bull capitule en 1881. Il est envoyé dans la réserve Lakota de Standing Rock, Dakota du Sud. Au même moment une ferveur religieuse se répand parmi les indiens, la ghost dance. Redoutant un soulèvement des réserves, la police décide d’emprisonner Sitting Bull. Lors de son arrestation, le 15 décembre 1890, il est tué d’une balle dans la tête. Les membres de sa tribu fuient alors la réserve et traversent le Dakota du Sud. Ils rallient le groupe de Big Foot aux environs de Bridger. Poursuivies par le septième de cavalerie, les deux tribus continuent pour rejoindre Red Cloud à Pine Ridge. Ils parcourent 450 km à pied avant d’être arrêtés à Wounded Knee. Le 28 décembre 1890, après les avoir désarmés, les soldats américains exécutent près de 350 Lakotas. Ce massacre marque la fin des guerres indiennes. C’est cette tragédie, celle de leurs ancêtres, qu’un groupe de cavaliers sioux commémore chaque hiver lors d’une longue et rude traversée à cheval des plaines de l’Etat. Tous les âges se retrouvent lors d’un périple de quinze jours jusqu’au cimetière de Wounded Knee.

« La jeune documentariste Stéphanie Gillard, qui signe là son premier long-métrage, a participé à cette chevauchée avec la communauté des Lakotas et recueille, avec The Ride, le récit précis et émouvant de ce western contemporain. Plus d’un siècle après, les vastes plaines sont encerclées par les autoroutes et les stations-service, circonscrites par d’innombrables barbelés, les Lakotas sont habillés et parlent comme des Américains moyens, et ce qui jadis était leur réserve ne leur appartient plus. La chevauchée est là pour invoquer tout un passé meurtri au cœur d’une Amérique contemporaine plongée dans l’amnésie : cet acte de résistance est d’abord un voyage dans le temps. La faim, les températures extrêmes et la fatigue sont moins des obstacles pour eux qu’une manière de se rappeler, à même leur propre corps, ce que leurs ancêtres ont traversé. Et les enjeux sont immenses pour cette communauté, car il s’agit de transmettre aux plus jeunes ce qui fait leur histoire, de recréer un lien social qui, l’espace de quelques jours, fait oublier la violence du quotidien, la précarité et l’isolement. Dans les discours et sur les visages des Lakotas se devinent une dignité dans la colère et une infinie capacité de résilience face à un implacable processus de dépossession de leur identité. Ici, ni commentaire de spécialiste ni voix off. Juste un écrin cinématographique d’une beauté à la fois sereine et douloureuse où l’invisible a autant, sinon plus, de réalité que ce qui apparaît. » (lemonde.fr)

Interrogé sur la genèse de son film, la réalisatrice déclare: « Il y a quelques années, passionnée par les romans de Jim Harrison, j’ai commencé à lire tous ses livres. C’est ainsi que je suis tombée sur un recueil de photos dont il avait écrit la préface. Des images de cavaliers Sioux dans le blizzard, le visage couvert de bandanas givrés ou de masques de ski, dévalant une colline enneigée. Une troupe de cavaliers portant des bâtons à plumes, longeant une route verglacée, suivie par une file de vieilles voitures américaines. Les silhouettes de trois cavaliers dignes d’Edward Curtis apparaissant dans un rétroviseur de voiture… Dans ces images, j’ai trouvé une beauté exaltante, quelque chose d’aujourd’hui mais gardant une dimension mythique. De loin, les chevaux, les plumes, les bâtons de prières peuvent faire croire que cela se passe il y a un siècle, comme si ces cavaliers repartaient sur le sentier de la guerre. Mais de près, les signes sont brouillés, ils se mêlent aux attributs de notre époque : parkas et bonnets, pick-ups et stations services, qui nous parlent d’une certaine Amérique d’aujourd’hui. J’ai alors cherché par tous les moyens à contacter ce groupe de cavaliers. Ces photos avaient été prises 20 ans auparavant, mais je savais que cette chevauchée continuait d’exister, chaque année. Finalement j’ai trouvé un numéro de téléphone, j’ai appelé et une femme m’a dit que je n’avais qu’à venir.« 

La réalisatrice se confie sur le tournage: « Nous étions une petite équipe de 4 personnes : Martin de Chabaneix, le directeur de la photographie, Erwan Kerzanet, l’ingénieur du son, Carla Fiddler, une cavalière Lakota qui est devenue une amie, était notre chauffeur, et moi. En Novembre, j’ai présenté mon équipe à quelques-uns des cavaliers et nous avons suivi le parcours de la chevauchée pour qu’ils puissent repérer les zones que les cavaliers traversent. Nous avons alors fait un découpage des séquences de chevauchée que nous voulions filmer à des endroits bien spécifiques, même si nous savions très bien que nos plans risquaient d’être compromis par la réalité. On n’est jamais sûr du chemin que les chevaux vont prendre car les éclaireurs changent tous les jours, et d’année en année. Ils suivent la route en fonction de leurs souvenirs de la géographie, et le paysage change tous les ans selon la quantité de neige. On ne pouvait pas savoir quel serait le temps. Une tempête de neige aurait pu bouleverser les plans du voyage et compliquer le tournage puisque les doigts de Martin auraient probablement été gelés ! Sans mentionner le fait que Jimmy a eu un accident et qu’il a du se rendre à l’hôpital de Rapid City où il y a passé deux jours, et AJ a du se rendre à des funérailles… Quand on réalise un documentaire, on ne peut pas retenir les gens contre leur gré, et les choses peuvent changer d’une seconde à l’autre dans ce genre d’épopée. Hormis les imprévus, les plus grosses difficultés pour la caméra et le son furent les chevaux et les pick-ups. Nous ne sommes pas dans une fiction, par conséquent nous ne pouvions jamais savoir ce qu’allaient faire les chevaux, où les pick-ups allaient stationner… Le deuxième jour, après avoir tourné la séquence avec le bronc, Erwan a pris la décision d’enregistrer tout le son à la perche. Une autre difficulté était la fin de la chevauchée. Après l’arrivée des cavaliers à Wounded Knee, il y a un rassemblement à l’école de Pine Ridge. Le lendemain, il y a une cérémonie au cimetière de Wounded Knee mais c’est impossible d’y filmer car c’est un moment sacré. Après quoi, les cavaliers sautent dans leurs voitures et retournent directement chez eux, car pour ceux de Standing Rock, la route du retour prend plus de 6h. J’ai donc décidé d’arrêter de filmer au rassemblement à l’école Little Wound. Cela faisait sens de terminer le film avec ce cercle dansant, car cette forme est très importante dans la tradition Lakota et aussi parce qu’une des origines de ce massacre était que leurs ancêtres dansaient la ghost dance, interprétée comme une menace.« 

« …On ne peut que saluer le regard empathique et juste et la présence manifeste – car le film a un vrai point de vue – et discrète de la réalisatrice, totalement acceptée par ces tribus, à des kilomètres de sa nationalité et de ses origines. Un tour de force jamais souligné, mais toujours présent le long du film, où on a le privilège d’assister à des rencontres entre descendants de tribus, de les suivre sur la route et de participer aux chevauchées et rituels, comme si on y était, le confort du spectateur en plus.

Les contrées ont beau être superbes et les paysages à couper le souffle, leur beauté ne fait pas oublier un récit courageux et salutaire de siècles d’oppression et de spoliation. The Ride nous instruit de façon pédagogique et fine, dès le début par du texte, puis ensuite par sa faculté d’être en immersion avec Ron et ses proches. La cinéaste s’est rapprochée des sioux dès 2009, participant ainsi à leur première chevauchée, au cœur de l’hiver par -20° et ils sont devenus comme sa seconde famille. The Ride célèbre ces noces, tout en gardant la juste distance, ne serait-ce les plans larges, restituant l’infinie parade des chevaux, des camions…Depuis 1986, les descendants sioux prennent la route pour honorer la mémoire de leurs ancêtres qui ont pris ce chemin quelques 120 ans plus tôt. Ron His Horse Is Thunder, à la tête du mouvement depuis 1988, est l’arrière-arrière petit fils de One Bull, fils adoptif de Sitting Bull. Munis de leurs bâton de prières comme des diacres, juchés sur des majestueux chevaux, parcourant des contrées où le désertique et le grandiose sont hélas! souvent éradiqués par des annexions WASP : aménagement en plastique, clôture en barbelés délimitant le terrain… Ron et les siens dressent un pont entre le passé de leurs ancêtres et l’actualité des indiens en Amérique. Un chemin âpre et joyeux à la fois. Par un hiver glacial, parcourir 450 kilomètres de terre ensanglantée, perpétuer la mémoire de tribus qui ont été autant que possible rayées de la carte et des pages de l’histoire. Comme le dit joliment Ron : chanter des esprits. A l’unisson. Comme une polyphonie qui guérit et fait revivre.  On entendra qu’une voix faite de plusieurs. Chanter c’est savoir écouter dit Ron aux enfants.

Cette chevauchée a une portée universelle, très actuelle, son propos étant d’offrir à ces indiens de ne plus être des victimes de l’histoire. Comme l’énonce la réalisatrice Stéphanie Gillard : Pendant les quinze jours de la chevauchée, ces hommes se ressaisissent de leur Histoire, la tête haute. En faisant face au froid, à la neige, à la faim, mais aussi au regard des autres, ils sont courage, solidarité et dignité. The Ride nous restitue parfaitement cette parenthèse capitale dans la vie des sioux et ce combat admirable pour toutes les minorités en lutte. Un film inspirant, à l’heure où les violences faites aux femmes et où les rapports de pouvoir sont enfin mis sur le tapis. Tous ces terrains dont on a spolié les indiens, ces terres données aux blancs, alors que la loi accordait 65 Hectares aux indiens. C’est un vol, c’est ça l’histoire,  dit un des participants de la chevauchée… » (culturopoing.com)

« …Dans ces paysages majestueux, la cinéaste accompagne leur avancée par des travellings fluides, comme John Ford le faisait dans La Prisonnière du désert (1956). Le périple devient alors une école de vie, où les aînés transmettent aux plus jeunes la culture séculaire et les valeurs de la tribu (le courage, l’abnégation…). Franchissant les barbelés, coupant à travers champs, les Sioux tracent leur propre chemin, hors du temps, hors de la civilisation, comme si la colonisation blanche n’avait jamais eu lieu — voir leur passage, puissamment allégorique, sous un pont autoroutier. Par ce beau geste de cinéma, Stéphanie Gillard leur redonne leur dignité et leur restitue leurs terres. (telerama.fr)

« …Le documentaire suit les 15 jours de chevauchée et montre à la fois les cavaliers, mais aussi la logistique les accompagnants. Car ces derniers sont suivis par nombre de camions et voitures contenant leurs familles et amis et permettant aux chevaux d’être bien traités à la fin de la journée. C’est par hasard que la documentariste française Stéphanie Gillard a eu vent de cette traversée de l’Amérique. Après avoir fait un parcours en leur compagnie, elle a décidé de les filmer et de donner la parole à ceux qui souhaitent s’exprimer sur leurs vies, leurs origines et leurs traditions. Le long métrage permet de croiser un grand nombre d’individus attachants et d’écouter avec attention les récits qu’ils nous font. On ne peut être qu’ému et passionné par ce qu’ils disent et qu’ils nous montrent, comme une formidable scène de chant permettant d’être remué jusqu’au fond du cœur.

La très belle photographie de Martin de Chabaneix permet d’assister à des scènes grandioses et parfois surréalistes, alors que les cavaliers traversent des paysages s’étendant à perte de vue, ponctués d’ouvrages plus récents, surgissant tels des bubons de béton. La réalisation de Stéphanie Gillard, aidée par l’impeccable montage de Laure Saint-Marc, met en scène une formidable histoire méritant vraiment d’être contée. Avec la belle composition de Vincent Bourre laissant régulièrement la place à de la musique sioux traditionnelle, on se sent happé dans un monde révolu duquel surgit des esprits chevauchant, envers et contre tous, sur des terres immenses.

The Ride est le récit passionnant de la mémoire d’un peuple et de sa résilience contre les traitements qu’il a subi depuis des centaines d’années. C’est aussi une façon plaisante de recevoir des leçons de vie et de courage pouvant nous inspirer tous les jours. Avec ses personnages attachants, une photographie envoûtante, un choc des civilisations et un périple initiatique, cette chevauchée laisse longtemps sur nous sa marque. Épique et inspirant. Le film a eu le Prix des médias au Festival Grand Bivouac 2017. » (unificationfrance.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

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