Vendredi 07 novembre 2008 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Ben Maddow, Sidney Meyers et Joseph Strick – USA – 1960 – 1h07 – vostf
La caméra suit Judith dans les rues de Los Angeles. Récemment divorcée, elle tente de refaire sa vie. Au cours de ses pérégrinations, elle va faire d’étranges rencontres dans le milieu des fanatiques religieux, des laissés-pour-compte du monde urbain, de toutes sortes de gens qui, bien qu’à l’image de son propre échec personnel, lui donneront la volonté de refaire sa vie.
« Documentaire expérimental« , à mi-chemin entre le cinéma vérité et l’étude formelle, le film rassemble des images authentiques, prises sur le vif, et les insère dans un dialogue poétique qui décrit l’amère désillusion des années 50. Inédit en France, un film qui annonce le futur cinéma indépendant américain et nous montre des Etats-Unis étonnants et pourtant toujours très actuels.
En première partie projection du court-métrage Vétérans du massacre de My Lai de Joseph Strick (USA, vostf, 22’), Oscar du meilleur documentaire 1971. Interviews de 5 GI’s ayant participé au massacre, 3 ans auparavant. Film-choc.
Sur le web
« Quand The Savage Eye est sorti en 1960, les studios hollywoodiens perdaient de leur superbe au profit de la télévision et d’une contre-culture en plein boom. Le cinéma en particulier était en pleine ébullition, avec la Nouvelle Vague en France, le free cinema en Angleterre, et les prémices d’un cinéma radicalement indépendant à New York avec les Cassavetes, Shirley Clarke ou autre Jonas Mekas. Le monde prenait conscience que le cinéma pouvait être un art à part entière, un outil politique critique, et que l’on pouvait faire des films hors du système et avec peu d’argent. C’est dans ce contexte que se monte The Savage Eye, avec trois réalisateurs aux manettes. Ben Maddow, auteur de docus d’extrême gauche, traqué par le maccarthysme, mais aussi scénariste de Quand la ville dort et de Johnny Guitare ; Sidney Meyers, qui fut le monteur de Film, le cultissime moyen métrage de Samuel Beckett avec Buster Keaton ; et Joseph Strick, qui réalisa aussi un docu sur le Vietnam montré en complément de programme de The Savage Eye. Le film apparaît avant tout comme un remarquable documentaire sur la Los Angeles de l’époque. Le réseau de freeways, les étendues pavillonnaires, les salons de coiffure, les bars, les objets, lieux, fétiches et signes divers de la société de consommation en plein développement, le charlatanisme de la religion sont ici magistralement captés, et photographiés. Le point de vue des trois auteurs était à l’époque très critique et on voit bien qu’ils entendaient dénoncer le “cauchemar climatisé”. Sans didactisme pesant, The Savage Eye montre la solitude des femmes, leurs difficultés économiques, la perversité d’une société modelée par les hommes qui suscite partout le désir féminin sans lui donner les moyens de son accomplissement. Plastiquement, The Savage Eye évoque les peintures d’Edward Hopper, les photos de Robert Frank ou Weegee, et fait penser à du jazz dans sa façon d’enchaîner des scènes éparses de la vie quotidienne angelesienne, brodant librement autour d’un thème central. Dans sa façon de brouiller la frontière entre fiction et docu, le film était d’une modernité toujours actuelle. » (lesinrocks.com)
… »Plus largement, le film s’inscrit par bien des aspects dans le mouvement de la beat generation et ce même si aucun des auteurs n’avaient à priori de liens avec Burroughs, Kerouac, Corso ou Ginsberg. On assiste ici à une concordance artistique et non à une volonté de s’inscrire dans ce mouvement naissant. Peut-être Meyers, Strick ou Maddow ont-ils assisté à la lecture en 1955 de Howl de Ginsberg, ce poème jazz qui est un cri lancé à l’Amérique matérialiste et qui s’achève sur une possible rédemption (soit une structure similaire à celle de The Savage Eye), peut-être ont-ils lus Corso ; mais c’est à partir du succès de Sur la route (1957) et de la parution du Festin nu en 1959 (même s’il est écrit entre 1954 et 1957) que le mouvement beat est vraiment identifié. Toujours est-il que The Savage Eye pourrait en être le versant cinématographique, que ce soit pour la place qu’il accorde à la femme, pour la musicalité (« Le beat c’est le tempo à garder, le battement du cœur », Kerouac) ou pour la vision d’une Amérique mourante qui survit en écrasant les plus faibles. The Savage Eye est un film oublié, une perle méconnue du cinéma américain, une œuvre tournée en toute indépendance et qui annonce par certains de ses aspects ce Nouvel Hollywood qui mettra encore huit ans à apparaître. Un projet hors norme que ce soit par l’histoire de sa conception ou sa forme d’une incroyable liberté. » (dvdclassik.com)
Oeuvre hybride sortie en 1960, sorte de « documentaire expérimental« , l’étonnant The Savage Eye s’inscrit à mi-chemin d’un cinéma vérité et d’une étude formelle, pratiquant une incision dans la société américaine des 50’s à travers l’exploration psychique d’une femme dévastée par son divorce. Le film fut réalisé dans des conditions marginales, avec un budget modeste d’environ 65 000 dollars et un tournage éparpillé sur quatre années, réparti en plusieurs équipes. Réalisé par trois figures clés du cinéma indépendant américain, Ben Maddow, Sidney Meyers et Joseph Strick, The Savage Eye a reçu un accueil enthousiaste à sa sortie, le Los Angeles Times évoquant « 67 minutes d’immense cinéma« , alors que le New York Times parlait d’ « une puissante démonstration de pyrotechnie cinématographique.«
En 1960, The Savage Eye a reçu le Flaherty Documentary Award lors de la prestigieuses cérémonie britannique des Baftas.
En 2008, The Savage Eye a été présenté au Festival de Cannes, dans la section Cannes Classics.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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