The Taste of Tea



Vendredi 04 novembre 2005 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Ishii Katsuhito – Japon – 2003 – 2h23 – vostf

Les Haruno habitent une petite ville de montagne près de Tokyo. Sachiko, la cadette de huit ans, cherche à faire disparaître son double géant. Hajime, son frère, lycéen, vit son premier amour. Yoshiko, la mère, décide de sortir de sa retraite pour faire un retour très remarqué dans le monde du film d’animation, sous le regard de son mari, Nobuo, qui pratique l’hypnose thérapeutique. Quant au grand-père, ses excentricités inquiètent toute la famille.

Sur le web

« The Taste of Tea est le troisième film du réalisateur Katsuhito Ishii, après les succès critiques de Sharkskin Man and Peach Hip Girl et Party 7, dans lesquels on retrouvait déjà le très prolifique acteur Tadanobu Asano. Cette fois, Ishii se penche sur la vie tumultueuse d’une famille japonaise pas comme les autres. Les Haruno sont une famille d’artistes dont tous les membres, liés par une évidente affection, vivent chacun dans son monde comme l’illustrent ces moments rituels où ils boivent leur thé en silence, assis les uns à côté des autres sur la terrasse et regardant dans des directions différentes. Tous sont d’incorrigibles rêveurs en quête d’affirmation de soi. Les Haruno forment une famille originale et apparemment idéale où trois générations cohabitent sous un même toit, dans une région montagneuse située dans les environs de Tokyo. Mais l’arrivée du printemps apporte son lot d’événements inattendus qui vont bouleverser la vie de chacun des membres de la famille.

Dès le début du film, Katsuhito Ishii prend le parti d’expliciter les bouleversements intérieurs des enfants en les projetant dans le décor de façon visible, utilisant par là un langage proche de celui de l’animation. (…) Alors que ce procédé aurait pu s’avérer pesant à la longue, c’est tout le contraire qui se produit : The Taste of Tea nous enveloppe d’une sensation de réjouissante légèreté. Les dialogues ne viennent jamais faire double emploi avec les images qui conservent toute leur puissance évocatrice et poétique. Le ton résolument libre du film, aussi bien visuellement que du point de vue narratif, est au diapason des personnages hauts en couleurs qui l’habitent. A commencer par la mère des deux enfants, Yoshiko, perpétuellement absorbée par les mouvements qu’elle doit dessiner pour un court-métrage d’animation qui vient de lui être confié. (…) Très proche de l’excentrique grand-père dont elle partage la passion du dessin, elle se sent enfin revivre après des années passées à se consacrer uniquement à sa famille. La bizarrerie inhérente à l’artiste est donc vue par Ishii comme épanouissante et non comme le signe d’un renfermement sur soi. Même l’oncle de Yoshiko, dessinateur de mangas au look dément et a priori antipathique, possède en lui les ressources pour se réaliser, ce qui donne d’ailleurs lieu à l’une des séquences les plus hilarantes du film sous forme de clip surréaliste. Car The Taste of Tea est aussi un film plein d’humour, un humour à la fois discret et décalé dont le cinéma japonais a le secret. Comme dans cet incroyable plan-séquence dialogué où le personnage de Tadanobu Asano se retrouve face à son ancien amour, Akira ou encore la scène d’hypnose collective orchestrée par le père, Nobuo. The Taste of Tea est un film qui se savoure en prenant son temps, empreint d’une sorte de délicatesse ambiante que l’on a du mal à se résoudre à quitter. Vibrant hommage au genre de l’animation, The Taste of Tea est aussi une célébration du pouvoir de l’imaginaire sur la réalisation de soi. »  [Texte extrait du site dvdrama.com]

« Après Party 7, j’avais envie de raconter l’histoire d’une famille, raconte le réalisateur, et j’ai commencé par noter des idées éparses. J’ai su très tôt qu’une petite fille jouerait dans l’histoire un rôle-clé, qu’elle aurait des visions, que son grand-père serait un incorrigible baragouineur, etc. C’est seulement dans un second temps que j’ai synthétisé ces idées pour en tirer un récit tant soit peu linéaire. » Au lieu d’écrire ce scénario, il en dessina le story-board, ainsi qu’il l’avait fait sur ses films précédents. « J’ai bouclé la première version en octobre 2002. J’ai procédé ensuite à quelques révisions, mais suis finalement revenu aux story-boards originaux. »  « De temps en temps, Ishii Katsuhito me montrait une ou deux pages, mais c’est seulement face au story-board complet que j’ai eu une vue globale du projet« , explique le producteur Kazuto Takida, associé de longue date du réalisateur. « Ce film se démarque légèrement de ses deux précédents. Il est plus personnel, tout en traitant de certains de mes thèmes favoris, dont la famille.« 

« Je pensais tourner à Okutama, où j’avais fait du canot, mais l’espace y était trop confiné. J’ai donc demandé au régisseur d’extérieurs de passer au peigne fin la région de Kanto.« ,raconte Ishii Katsuhito. Après trois mois de vaines recherches, Ishii Katsuhito fournit à son producteur délégué un dessin où il avait représenté une ville imaginaire, la résidence Haruno dans ses moindres détails, et le cours d’eau voisin. Deux mois plus tard, celui-ci revint avec une série de photos de Motegi, une bourgade de la préfecture de Tochigi. « Miracle! Cela correspondait très exactement à mon dessin. J’ai su que rien de fâcheux ne nous arriverait en ce lieu.« 

Fan de dessins animés, Ishii Katsuhito a participé à la création d’animations traditionnelles (2D) ou infographiques (3D) et a rendu hommage à cet art dans ses films. C’est encore le cas dans The Taste of Tea, via une séquence animée de deux minutes, réalisée en style japonais traditionnel par Takeshi Koike, du studio Madhouse. Fidèle collaborateur d’Ishii Katsuhito, l’animateur/réalisateur Takeshi Koike a travaillé avec lui à la séquence d’ouverture de Party 7 et à la série de courts métrages Trava. L’anthologie Animatrix des frères Wachowski lui a rendu justice en l’incluant parmi les artistes les plus représentatifs de l’animation contemporaine. L’hommage de The Taste of Tea à cet art est encore enrichi par la brève et amusante prestation du réalisateur Hideaki Anno, dans le rôle d’un… réalisateur de dessins animés. Connu pour sa série « philosophique » Neon genesis Evangelion, Hideaki Anno se partage, comme Ishii Katsuhito, entre fiction et animation.

Questionné sur la signification du titre, Ishii Katsuhito nous livre cette explication : « Les Japonais consomment chaque jour diverses variétés de thés. Parfois plus qu’ils n’en sont conscients. Bien que cela ne semble pas jouer un rôle important dans leur vie, cela leur est nécessaire. Lorsque je me remémore mon enfance, je me revois en train de boire des litres de ce breuvage, dans les lieux ou contextes les plus divers, sans prêter la moindre attention à son goût. Les Haruno ont cette même habitude. Sans doute pour mieux affronter les petits problèmes récurrents et passagers qui les affectent tous, et que le temps finira bien par résoudre. Voilà pourquoi ce titre me semble approprié. » Et le producteur Kazuto Takida de conclure : « The Taste of Tea est un film sur l’instant et l’éternité, sur l’essence du temps et son rôle dans notre existence, sur ces entre-deux où nous ne sommes ni particulièrement actifs, ni particulièrement alertes, mais qui font l’intérêt d’une vie…« 

« Dans The Taste of Tea, l’enfant et l’adolescent tiennent une place primordiale car eux seuls peuvent encore se laisser dépasser par un imaginaire foisonnant, autorisant ces nombreuses dérives fantasques qui ponctuent régulièrement le film. Que ce soit lorsque la petite fille tente de comprendre ce qui fait claquer à répétition la fenêtre ou lorsque le jeune garçon tente de fuir ce fantôme ensanglanté coiffé d’une crotte humaine, le loufoque et les angoisses finissent toujours par se rejoindre en un même point. Se profile alors une passionnante réflexion sur les tréfonds de l’âme humaine toujours prompte à réinventer le morne quotidien dans lequel elle évolue (il faut voir avec quelle obstination le grand frère court et pédale sans jamais en discerner les raisons), une réflexion qui n’est pas exempte d’une évidente mélancolie que bon nombre de temps morts mettent en exergue. Car sous ses dehors fantasques et son avalanche de gags, ce premier long-métrage de Katsuhito Ishii sait prendre son temps pour distiller une conception originale du bonheur. La longueur des plans, l’absence notable de mouvements de caméra et la grande fluidité du montage sont autant de tentatives réussies d’unité. Les obsessions de chaque personnage se transforment en force de vie car les gags qui en résultent sont autant d’étapes par lesquelles ce petit chef-d’œuvre accède à sa propre finalité. Un grand cinéaste est né. » (critikat.com)

Le casting de The Taste of Tea dura quatre mois, avec pour principal challenge la recherche des deux protagonistes, Sachiko et l’adolescent Hajime. Ishii Katsuhito avait des exigences très précises à cet égard : « Je ne voulais surtout pas de deux gamins mignons et exubérants, mais c’est ce genre qui affluait régulièrement aux auditions. Un vrai cauchemar! » Un mois avant le début du tournage, le réalisateur n’avait pas encore trouvé sa petite Sachiko… C’est alors que Maya Banno se présenta. « Je lui ai demandé de prendre un air sombre et de me donner une interprétation « adulte » de son personnage, ce qu’elle fit merveilleusement bien. Le résultat m’a comblé.« 

Après plusieurs mois d’auditions, Ishii Katsuhito engagea Takahiro Sato pour incarner le naïf et impressionnable Hajime. Ce choix surprit jusqu’au producteur Kazuto Takida : « Sato est l’adolescent urbain type, alors que nous recherchions depuis le départ un petit provincial mal dégrossi. Mais, dix années de collaboration avec Ishii Katsuhito m’ont appris à lui faire confiance. » Un uniforme de lycéen et une simple coupe de cheveux suffirent à transformer l’acteur : « Je dois tirer mon chapeau à Ishii Katsuhito. Cette métamorphose fut un instant magique. Je ne pense pas que Sato se soit connu un tel potentiel. Aujourd’hui, je vois presque en lui l’Antoine Doinel d’Ishii Katsuhito. » Pour le rôle de l’oncle, Ishii Katsuhito se tourna très naturellement vers l’un de ses interprètes favoris, l’acteur, musicien et réalisateur Tadanobu Asano, qui a collaboré à tous ses films ainsi qu’à ses nombreux autres projets. « Il possède une présence incroyable et dégage une grande autorité, devant comme derrière la caméra« , explique le réalisateur. « Tadanobu Asano fait partie intégrante de notre équipe, et je pense que sa sensibilité est très proche de celle d’Ishii Katsuhito« , ajoute Kazuto Takida.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici


Partager sur :