Dimanche 10 octobre 2004 à 20h45 – 2ième Festival 2004
Film de Cen Fan – Chine – 1981 – 1h40 – vostf
1911: AH-Q est un candide, sans toit, ni loi, ni famille, il est la risée de tous. Chassé d’une riche famille après avoir tenté de séduire la bonne, il ne lui reste plus qu’à chaparder pour se nourrir. Il part alors à la ville et se lie avec une bande de voleurs. Quelque temps plus tard il revient enrichi au village. C’est alors que la révolution de 1911 éclate. Mais elle n’est pas pour AH-Q, qui retrouve ses anciens ennemis qui ont simplement retourné leur veste.
Sur le web
» La Véritable Histoire d’AH-Q est la deuxième adaptation fidèle d’une nouvelle de Lu Xun. Cen Fan suit fidèlement la nouvelle en commençant par l’introduction : la séquence introductive montre un Lu Xun plus vrai que nature réfléchissant sur la conception de sa nouvelle et le nom de son personnage, la teneur de ses pensées, reprenant le texte de la nouvelle, étant donnée par une voix off. Le procédé est repris ensuite à diverses reprises dans le film, lui donnant profondeur et qualité littéraire. Le film est construit en séquences distinctes qui suivent linéairement les péripéties du récit de Lu Xun, et sont souvent liées par de courtes séquences de transition montrant AQ en train de dormir, soit récupérant après une raclée, soit rêvant : elles tendent à accentuer l’impression d’apathie et de retrait face à la réalité qui est le fond de son caractère. Le ton général et le jeu des acteurs sont naturels, avec une tendance à la théâtralité accentuée par les gros plans sur les visages, et en particulier celui d’AQ, dans les situations les plus dramatiques. Mais le film est entrecoupé de séquences oniriques ou vaudevillesques qui rappellent l’opéra, dont Cen Fan était un spécialiste.
La Véritable histoire d’AH-Q montre comment le peuple s’est vu spolié les changements politiques. Il montre la connivence des riches au travers des familles Bai et Zhao pour se montrer plus révolutionnaires que les révolutionnaires. Il montre la corruption de la police et des juges (le procès expédié d’AH-Q qui ne sait ni lire ni écrire) qui protègent les riches au dépends du peuple. Le personnage le plus gratiné et critiqué est sans doute Qian, honni par AH-Q pour son arrogance, un Chinois qui a étudié au Japon (l’ennemi historique de la Chine) et qui manipule tout le monde. Le film est édifiant sur cette part de mauvais destin qui s’abat sur ce pauvre AH-Q qui aurait aimé soutenir la révolution. Le film s’achève en précisant que ses idéaux seront repris par le peuple qui, quelques années plus tard, chasseront ces possédants pour établir la vraie révolution.
Le film ne devait pas être, à l’origine, tourné par Cen Fan, mais par un autre réalisateur très célèbre, Huang Zuolin, qui avait prévu de tourner avec l’acteur vedette du moment, Zhao Dan, celui-ci devant d’ailleurs interpréter les deux rôles de Lu Xun et d’AQ. Mais Zhao Dan mourut brutalement, d’un cancer du pancréas, le 10 octobre 1980. Huang Zuolin renonça à tourner le film, qui fut alors repris, avec le scénario, par Cen Fan : le film ne pouvait être sabordé, il était prévu qu’il sorte pour le centième anniversaire de la naissance de Lu Xun.
L’acteur que Cen Fan choisit alors, Yan Shunkai, était inconnu ; mais ce n’était pas plus mal pour interpréter un personnage sans identité bien définie, sans même de nom. Yan Shunkai se coula parfaitement dans le rôle. Il était né en 1937 ; en 1981, sur le tournage du film, il avait donc 44 ans, ce qui était beaucoup mieux pour interpréter AQ que Zhao Dan qui en aurait eu 66. Il était sorti de l’Académie d’art dramatique de Pékin en 1963, mais n’avait jamais tourné de film. Il fut en fait découvert et formé par Cen Fan, comme l’acteur le dira lui-même, en lui rendant un hommage posthume : « c’est lui qui m’a découvert ».
Si le film fut primé à divers festivals, ce furent surtout des prix venant récompenser l’acteur : entre autres prix du
meilleur acteur au Festival international du film de comédie de Vevey, en août 1982, et prix du jury au Festival international du film de Figueroa (Portugal), en septembre 1983. Mais la consécration vint surtout au Festival de Cannes, en mai 1982, où La véritable histoire d’AH-Q fut le premier film de Chine continentale à figurer en compétition internationale. » (Brigitte Duzan)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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